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« Nous venons de clôturer une levée de fonds de 2,5 millions d’euros », Philippe Guéneau, Shelterr

Le | Portails de petites annonces

Retenez-bien ce nom ! Car même s’il est encore peu connu en France, Shelterr pourrait rapidement challenger les gros acteurs du marché. Grâce à une interface léchée, rappelant celle d’Airbnb, ainsi qu’une recherche immobilière entièrement tournée vers la situation géographique des biens, le portail belge, qui est présent dans 10 pays, convainc un nombre croissant d’agences, mais aussi d’investisseurs, comme l’explique Philippe Guéneau, Directeur général de Shelterr France, qui vise le million d’annonces d’ici la fin du premier semestre

« Nous venons de clôturer une levée de fonds de 2,5 millions d’euros », Philippe Guéneau, Shelterr - © D.R.
« Nous venons de clôturer une levée de fonds de 2,5 millions d’euros », Philippe Guéneau, Shelterr - © D.R.

Vous venez de boucler une seconde levée de fonds. Comment s’est-elle déroulée ?

Nous avons clôturé une levée de fonds de 2,5 millions d’euros auprès de plusieurs actionnaires, dont Fabian Thylmann, qui a créé de nombreux sites Internet pour adultes. Sa connaissance du monde du web mais aussi de l’immobilier - il vient de racheter une start-up spécialisée dans la visite immobilière via des drones - devrait nous permettre d’accélérer notre développement. Ce nouveau capital sera dédié au référencement sur Internet, qui est l’un de nos points d’amélioration. Nous mènerons aussi des actions de communication via, entre autres, des campagnes d’affichages, des spots radio ou du sponsoring d’émissions.

Comment est né Shelterr ?

Shelterr a été lancé en septembre 2014 en Belgique, qui dispose d’un marché immobilier ayant les mêmes contraintes que celui de la France en termes de diffusion d’annonces. Notre objectif était de simplifier au maximum la recherche d’un bien immobilier. Cette approche a supposé une réflexion approfondie autour de l’utilisateur final à qui nous voulions proposer une expérience inédite et intuitive de la recherche immobilière. En septembre 2015, après une phase de béta-test de trois mois au cours de laquelle nous avons rencontré les principaux acteurs immobiliers et les promoteurs, nous avons lancé notre portail en France.

Le marché des portails immobiliers est très concurrentiel en France. Comment Shelterr se différencie-t-il ?

Par l’expérience utilisateur ! Plutôt que de demander aux internautes quel type de biens ils recherchent, nous leur demandons, dès notre page d’accueil, « Où voulez-vous vivre ? ». Cela peut être une ville, un quartier, un nom de rue… Notre parti-pris, c’est donc de considérer la localisation d’un bien avant le reste. Ce n’est qu’à l’étape suivante, lorsqu’ils accèdent à notre carte interactive des biens disponibles, qu’ils peuvent filtrer les résultats avec d’autres critères. Pour rendre la recherche ludique, nous avons développé un outil permettant de s’approprier, via un crayon virtuel, une zone de recherches. Aussitôt qu’un nouveau bien est disponible dans ce secteur, les internautes sont avertis par mail.

Quel est le degré de géolocalisation des biens ?

Il existe trois niveaux de géolocalisation. Le premier, c’est lorsque les agents immobiliers renseignent l’adresse précise du bien. Aujourd’hui, ce niveau concerne 25 % des annonces des grandes villes. Le second, c’est lorsque les professionnels indiquent un code postal ou un arrondissement. Cette technique nous permet de proposer une géolocalisation dans un périmètre géographique un peu plus large. C’est, de loin, l’option la plus prisée : elle concerne 55 % de l’ensemble de nos annonces. Dans les villes plus petites, la géolocalisation dépend des points de repères retenus par Google Maps, donc la mairie pour un centre ville, par exemple.

Quel est votre modèle économique ?

Notre objectif est de proposer, aux internautes, l’ensemble de l’offre immobilière du marché. Cela suppose que les agences y diffusent l’intégralité de leurs biens sans contrainte. Sur Shelterr, elles peuvent donc publier leurs annonces gratuitement, qu’elles aient 10 ou 40 000 biens dans leur portefeuille. Notre modèle économique repose sur deux produits : des services que nous proposons à nos 35 000 agences partenaires et qui sont commercialisés via des packs premium ainsi qu’une régie publicitaire en ligne qui leur permet de publier des publicités géolocalisées. La particularité, c’est que le tarif de ces encarts dépend du nombre de fois auquel ils ont été vus.

Quels types de services proposez-vous aux agences immobilières ?

Outre une remontée automatique des annonces, nous permettons aux professionnels, qui disposent d’une page personnalisée, de mettre en avant leurs biens et leurs équipes, de retoucher les photos comme sur Instagram afin, notamment, d’améliorer la qualité de leurs annonces mais aussi de gérer leurs avis clients, d’accéder à leurs statistiques… D’autre part, aussitôt qu’un particulier met un bien en vente sur notre site, les agences immobilières les plus proches sont automatiquement informées. Elles peuvent alors contacter rapidement les vendeurs et décrocher le mandat. Puisqu'à nos yeux, les agents immobiliers sont des acteurs incontournables, les annonces de particuliers sont uniquement publiées pendant six semaines. Au-delà de ce laps de temps, nous les supprimons.

Quels projets allez-vous mener en 2016 ?

Nous prévoyons d’effectuer une refonte graphique de notre site afin de faciliter davantage la recherche d’un bien. En plus d’effectuer quelques recrutements, nous lancerons, en avril, deux applications mobiles : une dédiée à la mise en ligne d’annonces et une à la recherche immobilière. Cette dernière proposera des fonctionnalités innovantes comme la visite virtuelle d’un bien, la prise de RDV avec des agences… Notre partenariat avec Immosquare va également nous permettre de développer notre gamme de services avec un outil de création de brochures papiers. Enfin, grâce au rachat d’une société française spécialisée dans l’estimation immobilière, nous proposerons, au cours du semestre, un outil d’estimation qui apportera encore plus de contacts vendeurs aux agents.

Aurélie Tachot