Évaluation

Promotion immobilière : « Une année 2023 catastrophique, à -50 % des objectifs » (P. Boulanger, FPI)

Le | Services pour évaluer

« Les promoteurs ne vendent quasiment plus rien. Résultat : ils décident de ne pas renouveler leur offre. Je peux clairement annoncer que pour les années suivantes, il y aura un grave problème de disponibilités en logement », a déclaré, le 16 novembre 2023, Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), lors de la présentation des résultats trimestriels du marché de l’immobilier neuf.

« Nous allons arriver péniblement au-dessus des 90 000 logements vendus en 2023 » (FPI) - © D.R.
« Nous allons arriver péniblement au-dessus des 90 000 logements vendus en 2023 » (FPI) - © D.R.

La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a présenté, le 16 novembre, ses principaux résultats pour le troisième trimestre 2023. Et (c’est un euphémisme) ils ne sont pas bons.

Concernant les autorisations de logements, elles se sont élevées à 93 500. C’est une chute de 29,2 % par rapport au deuxième trimestre 2023. Dans le collectif, elles ont atteint 46 700 (-35,7 %). En 2018 le volume trimestriel moyen était 117 000 logements autorisés. 

« Pire trimestre depuis la création de l’Observatoire, en 2010 » (P. Boulanger)

S’agissant des mises en ventes, elle se sont élevées à 12 039 (-48,6 % sur 3 mois) et sont de 54 839 depuis janvier (-30,8 % par rapport à la même période en 2022).

« C’est le pire trimestre depuis la création de l’Observatoire en 2010 (25 000 mises en ventes en moyenne avant la pandémie), a déploré Pascal Boulanger. Les commercialisation s’effondrent car face à la crise les promoteurs veulent d’abords écouler leur stock et ne pas s’auto-concurrencer. »

Quant aux réservations de logements, elles se sont élevées à 17 572 (-30,6 %). Les ventes en blocs ont atteint 6 149 (+46,8 %) contre 10 423 pour les ventes au détails (-46,6 %). Depuis janvier 65 535 (-29,4 %) logements ont été vendus.

« Nous allons arriver péniblement au-dessus des 90 000 logements vendus en 2023. C’est donc une année catastrophique, à presque -50 % par rapport aux objectifs  », a résumé Pascal Boulanger.

De plus, un nouveau phénomène est en train de se produire. « Les promoteurs perdent des collaborateurs et des savoir-faire, a poursuivi le président de la FPI. Les commerciaux, les chargés d’opérations et les monteurs d’opérations, qui étaient habitués à des salaires confortables, décident de changer de branches. »

Et Pascal Boulanger d’ajouter : « Il faut comprendre que certains promoteurs préparent des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE). Plus aucune structure ne remplace les départs volontaires ou en retraite.  »

Une hausse des prix malgré la baisse des vente

Du côté des prix de l’immobilier neuf, en France, ils s’établissent, dans le collectif, à 4 791 euros/m2 en régions et 5 463 euros /m2 en Île-de-France.

 « Ces prix sont ceux des grilles tarifaires des promoteurs. Ils sont donc hors négociations. En effet, les promoteurs mettent en oeuvre des offres promotionnelles au lancement des opérations, pour atteindre le quota nécessaire au lancement des travaux et à l’achèvement pour éviter les stocks durs. De ce fait, nous pensons que les prix des logements réservés sont stables voire légèrement orientés à la baisse. De plus les exigences normatives toujours plus présentes maintiennent les coûts de production à un niveau élevé », indique la FPI.

Les délais d'écoulement de l’offre commerciale sont de 19,7 mois en moyenne. Ils n’ont cessé d’augmenter depuis le T1 2022 (9,3 mois). Nantes (38,1 mois), Lille (32,3 mois) et Bordeaux (29,9) sont les trois métropoles présentées où les délais d'écoulement sont les plus longs. 

« Le ministre du Logement semble souvent perdre les arbitrages avec Bercy » (P. Boulanger)

Sur l’action du ministre du Logement, Pascal Boulanger a déclaré : « Patrice Vergriete essaie de défendre notre profession, malheureusement, il semble souvent perdre les arbitrages avec Bercy. L’important pour les promoteurs est de faire revenir les investisseurs particuliers. L'État doit abandonner sa quête des investisseurs institutionnels pour le résidentiel, car leurs investissements ne sont pas pérennes. De plus, nous avons proposé des solutions comme le fléchage de la TVA vers les collectivités, qui ne coûtent absolument rien à mettre en œuvre. »