Poliris et Immo-Facile officialisent leur rapprochement
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Coup de théâtre dans le monde du logiciel immobilier ! Pour favoriser leur développement, les éditeurs Poliris et AC3 (Immo-Facile) ont décidé de se rapprocher et de créer une seule et même entité : AC3 Groupe. Annoncée ce mardi, cette alliance va permettre aux deux sociétés d’atteindre une taille critique pour innover plus rapidement
Elle n’est pas sans conséquence pour SeLoger, l’ex-maison mère de Poliris, qui va ainsi se concentrer sur son cœur de métier.
L’union fait la force ! Poliris et AC3, éditeur du logiciel Immo-Facile, l’ont bien compris en décidant d’avancer main dans la main, sous la marque AC3 Groupe, désormais constituée de 150 personnes. « Pour développer les outils de demain, il nous fallait atteindre une taille critique. Alors que le marché du logiciel est atomisé, nous avons jugé pertinent de nous rapprocher, dans une logique d’alliance. En ayant davantage de ressources, nous sommes convaincus que nous avancerons plus vite », explique Charles Cabillic, fondateur d’AC3. Une union stratégique lourde de conséquences pour Poliris, qui prend du recul vis-à-vis du groupe SeLoger, auquel il était rattaché depuis 2007. « Ce qui était un atout pour Poliris il y a quelques années ne l’est plus aujourd’hui. Le fait d’être dépendant d’un portail brouillait son message auprès de ses clients », précise-t-il. Un avis partagé par le principal concerné, Geoffroy Lapointe, directeur général de Poliris. « Le fait d’être adossé à SeLoger nous a permis d’avancer sur plein de sujets. Toutefois, la puissance du groupe était investie dans son média. Nous aurons maintenant davantage de ressources pour innover », confie-t-il.
Quelles synergies entre les deux ex-concurrents ?
Le rapprochement de Poliris et d’AC3 va t-il permettre aux deux acteurs d’affronter les défis technologiques plus rapidement ? Sur le papier, les synergies entre les deux éditeurs ne semblent pas nombreuses. « Elles sont à écrire, concède Geoffroy Lapointe. Jusqu’ici, nos deux sociétés étaient plutôt concurrentes. » Pour autant, les deux acteurs montrent des complémentarités sur plusieurs points. « Via son logiciel Immo-Facile, AC3 convainc plutôt les agences appartenant aux réseaux et souhaitant travailler en inter-cabinets tandis que Poliris est plutôt positionné sur les agences indépendantes », explique Charles Cabillic. En matière d’outils, les deux éditeurs ont également leurs points forts. « Poliris a une longueur d’avance sur l’estimation en ligne avec la solution Avis de Valeur tandis qu’AC3 est bien positionné sur la prospection immobilière », illustre Geoffroy Lapointe. A l’avenir, la nouvelle entité, qui est sous la coupe de Gercop, prévoit d’investir dans la R&D pour enrichir ses outils existants et en créer de nouveau. « Notre volonté n’est pas de mutualiser toutes les solutions de Poliris et d’AC3, insiste Charles Cabillic. Nous croiserons certains outils dès lors que ça aura du sens. » Même refrain du côté de Poliris. « Nous n’allons pas tout fusionner. Les deux marques vont coexister : nous ne voulons pas perturber nos clients dans leur activité », assure Geoffroy Lapointe.
SeLoger sort du monde du logiciel
La naissance d’AC3 Groupe, qui représente 17 millions de chiffre d’affaires consolidé, soit 20 à 25 % du marché, suscite de nombreuses réactions dans le monde du logiciel immobilier. La nouvelle a toutefois laissé Olivier Bugette, fondateur de La Boite Immo, relativement perplexe. « Je me réjouis que ce regroupement participe à la désatomisation du marché. Pour autant, il ne changera rien dans la mesure où chaque société garde son indépendance et ses outils. Leurs équipes respectives ne semblent pas converger les unes vers les autres. Cela ne nous empêchera donc pas d’avancer », commente-t-il. Olivier Bugette note également que « SeLoger est financièrement impliqué dans AC3 Groupe, ce qui risque de déplaire aux professionnels de l’immobilier ». Une information aussitôt corrigée par Bertrand Gstalder, président du directoire du groupe SeLoger. « SeLoger sort du marché du logiciel, dément-il. C’est notre maison mère - Axel Springer - qui est actionnaire minoritaire de la nouvelle entité. » Hautement stratégique, ce rapprochement prouve néanmoins que les portails d’annonces et les éditeurs de logiciels ont beau avoir la même cible, ils ne semblent pas parvenir à collaborer sur le long terme. Leurs métiers étant radicalement différents.
Aurélie Tachot