« De nombreux conseils syndicaux ignorent l’existence de notre profession » (F. Bourriaud, Syndicalur)
Par Christian Capitaine | Le | Services pour évaluer
Peu connu, encore, des conseils syndicaux, le métier de courtier en copropriété a pris son envol, en 2014, avec la loi ALUR car ce texte a imposé la mise en concurrence des syndics une fois les contrats arrivés à terme. Comment s’est développée depuis la profession ? Combien d’acteurs compte-t-elle ? Quelle est leur business model ? Les réponses avec un professionnel du secteur qui affiche près de 15 % de croissance annuelle : Syndicalur. Interview de son directeur général, Francis Bourriaud.
Vous exercez, en tant que dirigeant de Syndicalur, la profession de courtier en copropriété. Peut-on parler d’un nouveau métier ?
Oui et non ! j’ai lancé cette structure en 2015, après quinze dans l’assistance aux conseils syndicaux et la défense des copropriétaires. La profession de courtier en copropriété remonte au milieu des années 2000. Surtout, c’est le vote de la loi ALUR, en 2014, qui a accéléré son développement puisque ce texte a imposé la mise en concurrence des syndics une fois les contrats arrivés à échéance avec les copropriétés.
Dès lors, de nombreuses sociétés de courtiers en copropriétés se sont créées. Mais avec des fortunes diverses… Plusieurs, bâties sur le « business model » des startups, n’ont pas tenues. Et aujourd’hui, nous sommes sur le marché français environ une dizaine de sociétés de courtage en copropriété.
Votre empreinte sur le secteur de l’immobilier reste donc faible…
C’est vrai. Sept ans après le vote de loi ALUR, de nombreux conseils syndicaux ignorent encore l’existence de notre profession, freinés par des habitudes qui perdurent de longues dates. Pour changer de syndics de copropriétés, ils ont encore trop souvent recours à l’annuaire téléphonique, au bouche à oreille ou aux conseils du voisinage.
Il n’empêche : notre potentiel de développement reste important. Chez Syndicalur, nous sommes inscrits sur une pente ascendante, avec une croissance annuelle de notre activité comprise entre 10 et 15 %. A titre d’exemple, l’an passé, nous avons traité plus de 80 dossiers de changements de syndics de copropriété, en sachant que le traitement d’un dossier court en moyenne sur deux à quatre mois.
Comment choisissez-vous les syndics pour vos clients ? Sur la base de quels critères ?
Depuis que je travaille sur ce marché, j’ai référencé en Ile-de-France, mon secteur géographique, plus de 250 syndics de copropriété. Donc, avec ce volant de professionnels, je peux mettre facilement en relation l’offre et la demande. Concernant les conseils syndicaux, je commence par bien cerner leurs objectifs et leurs besoins. Puis, je leur sélectionne trois ou quatre syndics dont l’activité correspond bien à leur taille et à leur demande.
Et une fois la sélection faite (les rapports que je rends sont anonymes, je ne donne pas les noms des syndics sélectionnés) les rendez-vous entre les différentes parties se font sans nous. C’est un format qui plaît beaucoup. Au final, le syndicat paiera 600 euros TTC pour les frais de dossier, et le syndic les honoraires de courtage qui varient, en fonction des dossiers, entre 2 000 et 8 000 euros.
Les syndics ont, ces derniers mois, augmenté leurs tarifs, pointiez-vous récemment dans un communiqué ? Comment expliquer cette hausse ?
Il y a d’abord une raison objective, qui est liée à une augmentation de leurs coûts d’exploitation à cause de la pandémie : achats de matériels pour les collaborateurs en télétravail, achats de masques, nettoyage plus fréquents des locaux, etc. Conséquence : ils ont répercuté ces coûts supplémentaires sur leurs tarifs.
Il y a également une raison qui a trait à l’organisation même des cabinets, et notamment des assemblées générales en visio, qui peut s’avérer, pour eux, compliquée et chronophage. Du coup, ils ont moins de temps pour trouver de nouveaux clients, et lorsque l’offre s’amoindrit les prix augmentent.