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« A Tahiti, l’offre n’est pas à la hauteur de la demande » (Sabrina Bahout, agent immobilier)

Par Christian Capitaine | Le

Sabrina Bahout dirige sur l’île de Tahiti, en Polynésie française, l’agence immobilière Sunset Immo. Nous l’avons rencontrée au coeur de l’été. Jeune mais expérimentée, elle commence par nous décrire la structure du marché sur lequel elle travaille depuis cinq ans, sans oublier d’évoquer ses évolutions récentes. Elle revient également sur son parcours professionnel et nous décrit sa philosophie de travail. Instructif et inspirant.

Sabrina Bahout, dirigeante de l’agence Sunset Immo - © D.R.
Sabrina Bahout, dirigeante de l’agence Sunset Immo - © D.R.

Ce jeudi 18 août 2022, Sabrina Bahout nous a donné rendez-vous à L’Instant Présent, coquet bar-restaurant de Puna’auia, commune proche de Papeete bordée par la plus belle plage de l’île, une longue bande de sable blanc qu’encercle un lagon turquoise.

Pourriez-vous en premier lieu nous décrire comment est structuré, sur le plan de la distribution, le secteur immobilier polynésien ?

Il s’est considérablement modifié ces dernières années. Avec, d’une part, un nombre d’acteurs qui, en peu de temps, a nettement gonflé sur l’île de Tahiti, là où se concentrent les acteurs du territoire polynésien. Ce phénomène d’expansion est tel que l’on peut désormais parler d’un secteur immobilier saturé. Un exemple : sur un bien, trois agences immobilières sont en moyenne positionnées ; d’où la difficulté de détenir des mandats exclusifs ! Même si, chez Sunset Immo, nous parvenons à en décrocher.

Ainsi, l’an passé, nous étions 54 agences à détenir la carte professionnelle en Polynésie française, pour une population de près de 280 000 habitants.

La plage de Puna’auia, sur l’île de Tahiti. - © C. Capitaine
La plage de Puna’auia, sur l’île de Tahiti. - © C. Capitaine

Par ailleurs, les réseaux de mandataires et les franchises immobilières (Century 21, Orpi, Guy Hoquet…), comme il en existe en métropole, sont ici absentes. Mais nous comptons, tout de même, des acteurs de tailles conséquentes qui ont pignon sur rue, par exemple les réseaux Jeanine Sylvain Immobilier ou Aito Immobilier. Sans oublier Sotheby’s, une marque internationale, qui est implantée sur l’Ile de Moorea, en face de Tahiti.

Comment se porte le marché immobilier polynésien sur le plan de la dynamique d’activité ?

A Tahiti, où l’on trouve tous les niveaux de prix, l’accès aux biens immobiliers reste difficile. L’offre n’est pas à la hauteur de la demande. Résultat, ces cinq dernières années, les prix y ont fortement progressé, de près de 25 %.

C’est la conséquence, notamment, de la venue au Fenua (1) de Français qui ont quitté la métropole pour venir s’installer ici (y compris pour y travailler), avec des capacités financières importantes.

Pour limiter la flambée des prix et la spéculation, la taxe sur la plus-value immobilière est passée, au 1er janvier 2022 en Polynésie française, de 20 à 50 % pour les biens vendus moins de cinq ans après leur acquisition. Pour l’heure, cette loi n’a pas encore produit ses effets.

Et au-delà de ce phénomène de hausse des prix de l’immobilier dans l’ancien, l’accès et le développement du foncier demeure chez nous compliqué.

Vous dirigez l’agence Sunset Immo depuis tout juste un an. Quels furent vos premiers pas dans l’immobilier ?

Après trois ans passés dans le domaine de la communication, j’ai rejoint, en 2017, une agence de Papeete qui m’a débauché alors que je leur proposais un plan de communication.

Puis les années ont passé et j’ai eu envie de voler de mes propres ailes. Mais en Polynésie française, avant de pouvoir obtenir la carte professionnelle pour lancer son activité immobilière, il faut avoir exercé, en tant que salarié, pendant cinq ans chez un professionnel de l’immobilier.

Sabrina Bahout. - © D.R.
Sabrina Bahout. - © D.R.

Née en Martinique, où l’un de mes cousins a fondé la société Maisons 60 Jours (structures d’habitation prêtes à monter directe d’usine, NDLR), je baigne dans le monde de l’immobilier depuis longtemps. Ensuite j’ai grandi en Guadeloupe. Puis nous sommes arrivés à Tahiti avec mes parents lorsque j’avais 22 ans.

Aujourd’hui, à 36 ans, je connais bien les îles de la Polynésie. J’y ai aussi tissé de solides contacts, ce qui me permet d’être efficace professionnellement. Car à Tahiti, le réseau se révèle fondamental pour bien travailler dans l’immobilier : des huit ventes que j’ai réalisées au cours des dix derniers mois, six venaient de mon réseau.

Comment est structurée votre agence et comment travaillez-vous au quotidien ?

Sunset Immo ne s’appuie pas sur une agence physique. Attention : je ne remets pas en cause l’outil (je collabore d’ailleurs avec de très bons professionnels qui ont pignon sur rue dans le cadre de la gestion locative), mais je ne l’ai pas jugé indispensable pour le développement de mon activité.

En clair, toute mon exposition se fait sur Internet, via notre site web, les portails d’annonces (immobilier.pf et petites-annonces.pf), et Facebook, réseau social qui est extrêmement populaire en Polynésie et qui génère de nombreux contacts pour les professionnels de l’immobilier.

Enfin, je travaille en famille, avec mon frère et mon conjoint, qui sont les agents commerciaux de l’agence. Ils s’occupent également de la prospection téléphonique et de toute la partie web car ils ont une bonne connaissance du monde du numérique ; et avec mon père, à qui j’ai la chance de pouvoir demander des conseils car c’est un avocat réputé de Tahiti.

Un dernier mot sur votre philosophie dans le travail : comment la décririez-vous ?

J’ai un côté profondément humain. J’aime embarquer avec moi les gens que je côtoie, y compris mes clients. Avec Sunset Immo, ils doivent avoir le sentiment de vivre une expérience, et ce en toute transparence. Et surtout, ils doivent être en confiance. A Tahiti, le bouche à oreille fonctionne très bien pour décrocher de nouveaux mandats. Une bonne expérience client y est ainsi primordiale.