Amazon bientôt dans l’immobilier ?
Le | Portails de petites annonces
Il y a quelques jours, un promoteur espagnol mettait en vente une centaine de biens immobiliers sur la plateforme Amazon. La nouvelle n’est pas passée inaperçue dans la sphère de l’immobilier, qui s’est empressée de conclure à l’arrivée imminente d’Amazon dans le secteur. La réalité est pourtant bien différente ! Explications
Courant avril, le promoteur espagnol Altamira valorisait une centaine d’appartements et de maisons à vendre sur Amazon.es. Et agitait, par la même occasion, toute la sphère de l’immobilier, en particulier les portails d’annonces, intrigués de voir l’un des GAFA investir son secteur. En réalité, la stratégie du géant d’Internet n’est pas celle-là. ʺIl s’agissait d’une action de communication du promoteur. C’était d’ailleurs son initiative, non celle d’Amazonʺ, explique Hervé Parent, organisateur du salon RENT qui, en sa qualité de lanceur d’alerte, avait publié, sur le JDN, une tribune dédiée à ce sujet. Comme n’importe quel annonceur souhaitant capitaliser sur un important carrefour d’audience, le promoteur espagnol avait donc choisi une publicité display pour valoriser ses biens à la vente. Ces derniers n’ont donc jamais été intégrés à la marketplace d’Amazon. Aucun achat en ligne, ni même de pré-réservation n’était possible. Le mini-buzz que le promoteur Altamira a, malgré lui, suscité montre que le géant du e-commerce est particulièrement scruté par les acteurs de l’immobilier. Son arrivée dans le secteur est-elle probable ? La réponse reste en suspens. ʺJe me souviens qu’en juillet 2017, aux Etats-Unis, Amazon avait mis en ligne une rubrique « realtor ». Cela n’avait duré qu’une journée mais pourtant, les actions des portails d’annonces américains avaient chuté de manière significativeʺ, raconte Stéphane Caron, directeur général de Prévisite.
Facebook bien plus menaçant !
Si l’arrivée d’Amazon dans l’immobilier n’est toujours pas d’actualité, elle est néanmoins plausible. ʺComme tous les Gafa, Amazon est dans une logique de diversification : il cherche à s’ouvrir à de nouveaux marchésʺ, décrypte Hervé Parent. Quelles que soient ses velléités, Amazon ne pourra pas aborder l’immobilier comme les autres marchés sur lesquels il s’est lancé. ʺDans l’immobilier, les cycles sont longs et les démarches sont complexesʺ, rappelle Stéphane Caron. ʺAttaquer ce marché nécessite d’avoir une connaissance locale en matière de réglementationsʺ, ajoute Hervé Parent. S’il souhaite se faire une place dans le secteur, le site d’e-commerce devra donc relever beaucoup de challenges. ʺAmazon n’offre pas une expérience d’achat excellente sur tous ces produits. L’achat d’un appartement ou d’une maison étant un acte engageant, il leur faudra revoir leur expérience clientʺ, estime Bertrand Gstalder, président du directoire de SeLoger. C’est d’autant plus vrai que les portails d’annonces en place embarquent désormais une myriade de technologies dont les visites virtuelles, la géolocalisation… Pour les égaler voire les rattraper, Amazon devra donc mettre un coup d’accélérateur sur le plan technologique. Déjà présent dans l’immobilier via sa marketplace, Facebook est un acteur bien plus menaçant pour les portails d’annonces. ʺEn France, cette place de marché est essentiellement utilisée par les particuliers. Mais aux Etats-Unis, elle grandit vite et les professionnels s’en emparent. Facebook dans l’immobilier, c’est déjà une réalitéʺ, conclutBertrand Gstalder.
Aurélie Tachot