La remontée des taux fragilise le marché immobilier
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Au mois d’octobre, le volume des intentions de vente et d’achat s’est fortement replié, d’après la 17e édition de l’Observatoire du moral immobilier du portail Logic-Immo.com, dévoilée ce mardi. La faute à la remontée des taux d’intérêt amorcée cet été qui, même si elle est minime, a découragé les acquéreurs sur le point de se lancer dans un projet immobilier
Personne n’avait prédit qu’une légère remontée des taux d’intérêt aurait une incidence aussi forte sur le moral des acquéreurs potentiels… Et pourtant, le constat de l’Observatoire du moral immobilier de Logic-Immo.com, réalisé en octobre dernier auprès d’un échantillon de 1251 personnes, est sans appel : « le nombre de candidats à l’accession à la propriété ayant un projet d’acquisition sous un an affiche une baisse de 20 %, passant de 2,5 à 2 millions », amorce Stéphanie Pécault, responsable de l’étude. Du côté des futurs vendeurs, c’est la même frilosité qui prédomine : en octobre, ils n’étaient qu’1,5 million, contre 2 millions six mois plus tôt. D’après l’étude, réalisée en partenariat avec TNS Sofres, 70 % des porteurs de projet estiment que c’est le bon moment pour acheter une maison ou un appartement. Soit 10 points de moins qu’en avril dernier.
L’effet massue de la hausse des taux
Le taux moyen des crédits, qui a amorcé une légère hausse cet été en passant de 2,16 % (juillet) à 2,22 % (septembre), explique en partie cette morosité. « Depuis trois ans, le niveau historiquement bas des taux d’emprunt portait la demande immobilière. Au-delà du calcul rationnel du pouvoir d’achat immobilier, leur évolution a pris une dimension psychologique chez les candidats à l’accession. Le retournement de tendance a donc eu un effet massue sur les nouveaux projets. Les acquéreurs potentiels ont le sentiment d’être passés à côté d’une opportunité », décrypte Stéphanie Pécault. Une réaction qui se traduit dans les chiffres. En octobre, 29 % des personnes en recherche de biens évoquaient le niveau des taux comme le déclencheur de leur projet, contre 46 % il y a six mois. Paradoxalement, le seuil psychologique au-delà duquel les futurs acquéreurs ne souhaitent pas emprunter est beaucoup plus élevé : 3,2 %. Bien loin, donc, des 2,22 % actuels… Cette relative remontée des taux d’intérêt n’a pas que des effets néfastes sur le marché. D’après l’Observatoire, elle a joué un rôle d’accélérateur pour un tiers des candidats ayant des projets d’achat en cours.
Le PTZ élargi arrive-t-il à point nommé ?
La fragilité du marché immobilier s’explique également par la résignation des acquéreurs vis-à-vis des prix. « L’idée d’une hausse dans les six prochains mois se renforce dans la tête de 28 % des acquéreurs, soit le même seuil qu’en 2011 », souligne Stéphanie Pécault. Un pourcentage qui atteint même 50 % lorsque ces derniers se projettent à l’horizon 2017. Alors que le marché est fragilisé par de nombreux facteurs, l’arrivée du prêt à taux zéro élargi, prévue pour janvier 2016, va t-elle rebattre les cartes ? Certes, la moitié des primo-accédants sont réfractaires à l’acquisition d’un bien nécessitant d’importants travaux. Toutefois, « certains reverront probablement leur position à la lumière de ce nouveau dispositif de prêt. L’offre se verra donc complétée de ces biens à rénover qui peuvent être relativement nombreux en France, compte tenu du vieillissement de notre parc de logements », conclut la responsable de l’étude.
Aurélie Tachot