Logement neuf : un secteur aux abois
Par Christian Capitaine | Le
Alexandra François-Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), et Marc Villand, vice-président de la FPI, ont dépeint, le 17 septembre 2020, un sombre tableau du secteur de la construction de logements neufs en France au deuxième trimestre. Les principaux chiffres.
« Malgré le déconfinement, aucun effet de rattrapage des permis n’est constaté à fin juillet. Pire, entre mai et juillet 2020, le nombre de logements collectifs autorisés (cumul sur 3 mois) baisse de 34,5 %, sous le seuil des 200 000 (en cumul sur 12 mois). Avec une chute de 37,8 % des ventes de logements sur 1 an (25 000 unités vendues) et une forte baisse de 54 % de mises en ventes, la catastrophe est devant nous », a déploré Alexandra François-Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
Recul historique
« L’offre nouvelle au 2e trimestre 2020 enregistre un recul historique depuis deux trimestres consécutifs, a déclaré Marc Villand, vice-président de la FPI. C’est le plus bas niveau depuis le 4e trimestre 2008, avec 15 151 lots. Les mises en vente ont baissé de 46,7 % au 1e semestre 2020, dont -53,8 % au 2e trimestre (20 000 logements de moins qu’au 2e trimestre 2019), avec un effet très visible en Île-de France (-70 %), à Toulouse (-50 %) et sur la métropole de Bordeaux (-87 %) ».
Du côté de la demande, les ventes au détail au 2e trimestre 2020 avaient diminué de 5 % au 4e trimestre 2019. Au 1e semestre 2020, elles ont subi les effets du confinement avec une baisse de 37,6 % (dont -51,4 % au 2e trimestre 2020). L’investissement locatif, lui, souffre plus (-54,7 %) que l’accession à la propriété (-48,2 %).
Un prix moyen en hausse de 3,2 % au T2 2020
Les achats en bloc opérés par « quelques grands opérateurs (+39,1 % au 2e trimestre 2020 par rapport au 2e trimestre 2019) tempèrent cet effondrement. Mais c’est une réponse temporaire et partielle aux difficultés », selon Marc Villand. Il s’agit du plus haut niveau recensé par l’Observatoire immobilier de la FPI (créé en 2012) pour un 2e trimestre. Le prix moyen France est en hausse au 2e trimestre 2020 (+3,2 %). Il subit les effets de la raréfaction de l’offre. « Quand l’offre est faible et qu’on passe en zones tendues, notre objectif chez les promoteurs n’est pas d’augmenter des prix car cela baisse notre base d’acquéreurs », indique la FPI.
Un plan de relance qui « manque d’ambition »
Selon Alexandra François-Cuxac, le plan de relance « manque d’ambitions ». « L’aide aux maires bâtisseurs (350 M€ sur 2 ans) que la FPI réclamait depuis longtemps et un fonds friches (300 M€) pour dégager du foncier ne sont pas prêts. Nous allons attendre 7 mois pour en avoir les modalités précises. On sera alors 14 mois après le début de la crise. Quant au dispositif de réhabilitation des friches, il va dans le bon sens. Mais ce sont des projets qui mettront des années… L’État doit afficher une ambition claire pour construire, simplifier et digitaliser l’urbanisme et consolider les soutiens du marché qui ont fait leurs preuves (Pinel et PTZ) ».
« J’attends beaucoup de la loi de finances pour 2021 et de la prorogation et le développement des 2 dispositifs fiscaux Pinel et PTZ. Le Pinel, dont l’extinction est prévue fin 2021, devrait être prolongé d’au moins 2 ans. J’en saurai plus le 18/09/2020, après une réunion (avec la FFB, la Capeb notamment) au sein du cabinet d’Emmanuelle Wargon afin de donner de la visibilité au secteur. Nous attendons des précisions. »