L’immobilier commercial aux révélateurs de la crise sanitaire
Par Christian Capitaine | Le | Services pour évaluer
Vacance commerciale en hausse et livraisons de nouveaux projets en baisse : ces deux indicateurs, rapportés par Knight Frank, société de conseils spécialisée dans l’immobilier d’entreprise, témoignent de la période difficile que traverse l’immobilier commercial en France.
« La baisse des créations de nouveaux projets s’annonce durable ». Telle est la projection faite par Knight Frank, spécialiste de l’immobilier d’entreprise, s’agissant de l’avenir des surfaces commerciales en France.
Déjà en 2020 les ouvertures de nouveaux mètres carrés de commerces « ont très nettement diminué, rappelle Knight Frank, puisque, tous formats confondus (centres commerciaux, retail parks, polarités de centre-ville, centres de marques, etc.), « un peu plus de 420 000 m2 ont été inaugurés en France métropolitaine, soit une forte chute de 42 % par rapport à 2019. »
Fort décrochage des centres commerciaux
Plus en détails par typologies d’emplacements, « avec à peine 130 000 m2 inaugurés en France, soit 28 % de moins qu’en 2019 et 51 % de moins que la moyenne des cinq dernières années, la production de nouveaux mètres carrés de centres commerciaux a continué de décroître en 2020 », indique Antoine Grignon, directeur du département Commerces chez Knight Frank France. Une baisse qui tient, explique-t-on chez Knight Frank, à « la diminution du nombre de projets, ainsi qu’à la réduction drastique de créations ex-nihilo, essentiellement représentées, en 2020, par le centre Lillenium, à Lille. »
Un repli inédit pour les retails parks
Concernant les retail parks (ces centres commerciaux à ciel ouvert), ils ont, en revanche, connu un coup de frein inédit. « Alors que les ouvertures de ce type de complexe oscillaient en moyenne entre 350 000 m2 et 600 000 m2 chaque année depuis 2010, seuls 230 000 m2 ont été inaugurés en 2020, détaillle Antoine Grignon. Il faut remonter au début des années 2000 pour trouver un volume plus faible encore, mais l’époque correspondait aux prémices de ces nouveaux formats d’ensembles commerciaux à ciel ouvert ». Et d’avancer, notamment, comme explication, « le contexte politique et législatif, bien moins favorable au lancement de nouveaux programmes en périphérie, comme illustré par plusieurs annulations de projets en 2020. »
Quelles perspectives pour 2021 ?
Pour 2021, donc, le potentiel de croissance du parc français des commerces se réduirait, annonce le spécialiste de l’immobilier d’entreprise. Cette baisse des créations de nouveaux projets devrait profiter « aux actifs existants, table-t-on chez Knight Frank, qui, depuis plusieurs années, pouvaient à la fois souffrir des arbitrages des consommateurs et du développement soutenu de nouveaux mètres carrés de commerces ».
Aussi, amplifié par l’épidémie de Covid-19, l’essor du e-commerce apparaît comme un facteur déterminant qui interroge aussi, et de plus en plus, la fonction même du point de vente. Face à la hausse de la vacance, certains locaux changent plus ou moins radicalement de nature, et l’on voit ainsi se multiplier, en centre-ville notamment, centres médicaux, drives piétons, « dark kitchen » et autres points de retrait ou de préparation de commandes, aux côtés de locaux conservant une fonction commerciale plus traditionnelle. Cette tendance s’accentuera dans les mois et années à venir.