Évaluation

« Le besoin en logement s’établit à 400 000 par an d’ici 2030 » (F. Rieussec, UNAM)

Par Christian Capitaine | Le | Services pour évaluer

« Si la croissance démographique ralentit, le besoin en logement ne ralentit guère. Nous arrivons à un besoin annuel d’environ 400 000 logements sur la période 2019-2030 », indique François Rieussec, président de Union nationale des aménageurs, lors de la présentation de l’étude « Les besoins en logements en France d’ici 2030 », menée en partenariat avec l’École supérieure des professions immobilières (ESPI)

Chaque année, environ 20 % des permis délivrés ne sont pas bâtis, selon l’UNAM. - © Getty Images/iStockphoto unkas_photo
Chaque année, environ 20 % des permis délivrés ne sont pas bâtis, selon l’UNAM. - © Getty Images/iStockphoto unkas_photo

« Nous constatons qu’il y a une non-réalisation des permis de construire. Chaque année environ 20 % des permis délivrés ne sont pas bâtis. Le besoin opérationnel est donc supérieur aux mises sur le marché. Pour répondre à ce besoin de 400 000 logements par an, il faut ainsi en prévoir plus. Si le niveau de besoin se poursuit, c’est nécessairement pour cause de desserrement », ajoute François Rieussec. 

Deux scénarios ont été étudiés dans le cadre de cette étude, un scénario A dans le prolongement de tendance à partir de la période 2008/2019 et un scénario B dans le prolongement de tendance à partir de la période 2013/2019.

Dans le scénario B, l’effet démographique est plus faible avec une hausse de 578 166 habitants d’ici 2030 alors que le scénario A prévoit une augmentation de 813 311 habitants d’ici 2030. 

Parmi les principaux constats de cette étude : 

La variation des résidences secondaires et occasionnelles est évaluée à +37 959 résidences par an, soit environ 3,9 millions de résidences secondaires et occasionnelles en 2030. Il existe une forte concentration de logements autour des grandes métropoles comme Lyon, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Nantes… Ce qui reflète l’attractivité et le desserrement que connaissent ces grandes villes. 

Autrefois principalement induit par la croissance démographique, environ 40 % de la demande résulte actuellement de la réduction de la taille des ménages. Face à la “crise du logement”, une solution pourrait être de mettre l’accent sur l’étude des nouveaux modes de vie des français. 

Au regard du rythme de construction des dernières années qui est relativement proche du besoin identifié, le scénario principal (B) suggère que la “crise du logement” réside davantage dans le manque d’adéquation entre l’offre et la demande, en particulier en ce qui concerne la localisation et le type/coût des logements, plutôt que dans un déficit quantitatif.

Une base de près de 400 000 logements supplémentaires par an reste nécessaire, à concilier avec les impératifs d’aménagement sur le terrain.

Besoin en logements : Mode de calcul 

Ce besoin d’environ 400 00 logements (379 288 selon le scénario bas et 426 896 selon le scénario haut) est calculé d’après sept composantes : 

  • L’effet démographique ;
  • le desserrement des ménages ;
  • les résidences secondaires ;
  • les logements vacants ;
  • le renouvellement du parc ;
  • la population non-logée ;
  • la population hors-ménage. 

« C’est la maison qui peut débloquer l’ensemble du parcours résidentiel  » (Paul Meyer)

« C’est la maison qui peut débloquer l’ensemble du parcours résidentiel qui est figé aujourd’hui. Si nous voulons libérer les appartements de centre-ville, en location, des places dans la file du logement social, c’est la maison qui fait que des gens vont faire un achat, un effort, prendre un pari de vie pour se libérer de la location, indique Paul Meyer, délégué général de l’UNAM. »

« Aujourd’hui c’est ces classes moyennes, surtout les plus populaires, qui avant pouvaient s’extraire et se créer un patrimoine en devenant propriétaires, c’est eux qui permettaient de donner de l’oxygène et débloquer le parcours résidentiel. Il y a 172 000 familles qui chaque année qui ont besoin d’une maison et nous observons des freins et un enchaînement extrêmement violent qui est : ZFE, ZAN et DPE », indique Paul Meyer, délégué général de l’UNAM.