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« La rentabilité viendra. Nous sommes pour l’heure en phase d’investissement » (Les Agences de Papa)

Par Christian Capitaine | Le | Agence immobilière indépendante

Dans une interview à ImmoMatin, Frédéric Ibanez, cofondateur des Agences de Papa, commente les résultats d’une année 2021 à l’issue de laquelle la structure a vu son chiffre d’affaires atteindre 300 000 euros et accuser des pertes de 7,5 millions d’euros. Il réaffirme, dans nos colonnes, la viabilité de son modèle et dévoile le contenu et la finalité son nouveau projet : construire un écosystème de l’immobilier dans le metaverse qui devrait voir le jour en septembre 2022.

Frédéric Ibanez et Nicolas Fratini, cofondateurs de la société. - © D.R.
Frédéric Ibanez et Nicolas Fratini, cofondateurs de la société. - © D.R.

Vous avez réalisé, au second semestre 2021, un chiffre d’affaires de 249 000 euros. Comment jugez-vous ce bilan ?

Si l’on regarde l’année complète, 2021 fut marquée, au premier semestre, par la mise en place de l’entreprise, et notamment nos outils de communication. Nous avons commencé à avoir des résultats à partir du second semestre, marqués par une multiplication par cinq de nos revenus par rapport à la période comprise en janvier et juin 2021.

En ce qui concerne la première partie de 2022, nous sommes installés - c’est ce que nous avons annoncé au marché - sur la même courbe ascendante, puisque nous tablons sur une prévision d’augmentation de notre chiffre d’affaires de 500 %, et ce uniquement sur les ventes.

A la clôture de 2022 notre objectif est le suivant : réaliser 1,5 million d’euros de CA, soit 750 ventes immobilières effectuées.

Pour rappel, notre feuille de route pour 2021 était la suivante : mettre la société en place pour que nous puissions développer, par la suite, tous nos produits connexes, que ce soit la location, le crédit, l’exploitation de notre base de données et le lancement du projet web 3.0, qui incarne le nouveau fer de lance de l’entreprise.

Nous nous inscrivons, ainsi, sur la dynamique que nous avions prévue de suivre, à savoir être installés, comme le requiert le modèle des startups, sur une courbe ascendante afin de pouvoir lever des fonds. Car les investisseurs, ce qu’ils regardent, c’est l’ambition de l’entreprise. Et c’est pour cette raison que nos investisseurs sont très satisfaits et qu’ils continuent de nous suivre, à l’image de Groupe Holmarcom, qui a investi dernièrement 2 millions d’euros dans Les Agences de Papa.

L’entreprise accuse, sur le même exercice 2021, des dettes d’un montant de 7,5 millions d’euros. A quelle échéance Les Agences de Papa seront-elles rentables ?

Il est encore difficile, aujourd’hui, de parler de break even (seuil de rentabilité, NDLR). Lorsque l’on avance de la sorte par rapport au marché, l’impact sur le cours peut se révéler conséquent. Néanmoins, ce que nous pouvons dire, c’est que les pertes qu’on l’on a accumulées l’an passé résultent du marketing, et elles furent en ligne, et en accord, avec ce que nous avions annoncé à nos actionnaires.

Le départ du projet Les Agences de Papa était clair : acquérir de la notoriété. Et à ce jour, 20 % des Français nous connaissent, selon une étude Kantar. Nous avons désormais une voix qui porte, l’entreprise est connue. Cela nous permet, à présent, d’avancer sur des sujets techniques, et plus encore sur le volet de la digitalisation.

La rentabilité de l’entreprise, elle viendra. Mais aujourd’hui nous restons ancrés sur une phase d’investissement. Et précisons également que, par rapport à 2021, nous avons 50 % de cash burn en moins que par rapport à 2021.   

Que répondez-vous aux professionnels de l’immobilier qui affirment que votre modèle demeure difficilement rentable ?

Je leur réponds ceci : « Notre modèle, vous ne l’avez pas compris. » Nous ne sommes pas une agence immobilière. Nous ne sommes pas une agence développée en franchise. Notre modèle est celui de l’asset light, de la plateforme.

Les Agences de Papa sont, par exemple, dépourvues d’enseigne. Si je prends l’exemple d’Amazon - et toute proportion gardée, bien sûr -, elle, non plus, n’a pas de points de vente, alors qu’elle fait figure de plus gros vendeur au monde.

Sur le marché de l’immobilier, je suis convaincu que nous sommes en train de changer la donne : nous l’avons fait au niveau du prix, puis sur le plan de la digitalisation. Certes beaucoup de professionnels râlent car nous avons attaqué le marché avec une offre agressive, mais beaucoup de professionnels nous rejoignent, et nombre d’entre eux auront tout intérêt à faire partie de notre web 3.0. 

Quid de vos prises de mandats pour l’année 2021 ?

Au premier semestre, nous en avions décrochés à peine 300. Et preuve de notre montée en puissance, au second semestre 2021, nous sommes à plus de 2 800 mandats signés. En sachant également que l’on améliore, au fil des semaines, notre taux de conversion : alors qu’il était infime à notre lancement, soit 2 % comme pour, d’ailleurs, l’ensemble des acteurs immobiliers 100 % digitaux, il atteint désormais, chez nous, les 12 %. L’augmentation est donc forte, ce qui démontre une adhésion du public à notre modèle.

Peut-on rappeler les services que contient votre prestation, soit un montant de 2 000 euros ?

Dans cette offre, tout est compris : la mise en ligne du produit, la création de l’annonce et sa publication et l’organisation des visites si le propriétaire le souhaite. Ces visites seront alors prises en charge par une startup, la société Flatsy. Mais dans la majeure partie des cas, le propriétaire souhaite, lui-même, prendre en charge ces visites et recevoir le client.

Autres services inclus dans notre prestation à 2 000 euros - dont le montant est inchangé depuis notre lancement : la constitution du dossier, qui est automatisée, tout comme la mise en ligne des annonces sur les portails.

Vous annoncez l’élargissement de votre gamme de solutions, que vous baptisez « produits connexes ». De quoi s’agit-il ?

Notre objectif, à présent, est effectivement de développer nos « produits connexes ». Et par produits connexes, nous entendons, d’une part, le crédit : nous allons, sur ce point, prochainement lancer avec un partenaire une offre de financement.

Autres produits connexes : l’ensemble de la partie photo, puis l’assurance et enfin la location. Concernant cette dernière offre, l’objectif est de constituer notre stock, soit un stock de plusieurs milliers de biens pour commencer à peser au niveau de l’offre. De la même façon que nous avons bâti notre stock de biens à la vente, nous adoptons la même stratégie de constitution du stock de biens à louer depuis octobre 2021.

Vous avez annoncé, le 19 avril, le lancement prochain de votre écosystème de l’immobilier dans le metaverse. Quel est son contenu et sa finalité ?

Le metaverse, pour employer des mots simples, c’est le lien entre le réel et l’irréel. C’est la possibilité, dans un avenir proche, d’entrer dans un lieu virtuel au moyen d’un avatar et d’accéder à un produit.

Ramené au monde de l’immobilier, c’est la possibilité, pour être plus concret encore, de visualiser en 3D dans le metaverse des Agences de Papa le programme d’un promoteur immobilier qui sera réellement construit.

Notre metaverse sera ainsi une reproduction du monde réel. Le but est le suivant : que les personnes qui s’y rendent puissent visiter les biens immobiliers de nos partenaires et entrer en contact, via leur avatar, avec les propriétaires.

Cet outil, dont le fonctionnement sera opérationnel à horizon septembre 2022, sera à la fois un réseau social et une solution pour réaliser des visites. Et il assurera, bel et bien, le lien entre le monde virtuel et le monde réel. 

Comment avez-vous financé ce projet ?

Outre de nous être appuyés sur le financement de 2 millions d’euros de Holmarcom (l’entrée au capital des Agences de Papa du groupe marocain a été officialisée le 27 janvier 2022, NDLR), nous allons mener une ICO (levée de fonds en crypto-monnaie), en sachant que le montant de l’ICO ne financera pas l’ensemble du projet.

Nous sommes convaincus que le metaverse, c’est l’immobilier de demain. Les taux d’emprunts de crédits vont encore augmenter, donc les marges vont se réduire. Et quels mécanismes en seront principalement impactés ? Nul doute les frais d’agence.

Nous nous dirigeons vers un monde où les consommateurs souhaiteront faire des économies, et les plateformes comme le metaverse, qui ouvrent plus encore la voie à la négociation entre acquéreur et vendeur, auront ici toute leur place.