Fichier de partage iListing : sceller entre les agents immobiliers un mariage de raison
Par Christian Capitaine | Le | Réseau de mandataires
Mi-janvier 2021 : c’est à cette échéance que devrait s’ouvrir iListing, la nouvelle plateforme de partage de mandats exclusifs créée par l’association Partage + dont Bernard Cadeau, ancien président du réseau Orpi, est le créateur. Il revient, pour ImmoMatin, sur les tenants et aboutissants de ce projet œcuménique, ainsi que sur les objectifs visés.
Pouvez-vous retracer la genèse de l’association Partage + et de son outil iListing ?
Ce projet, dont je suis l’initiateur, c’est d’abord trois idées fortes : de l’expérience, de la conviction et des certitudes. De l’expérience eu égard à mes quarante années passées dans l’univers de l’immobilier, et notamment chez Orpi, dont j’ai assuré la présidence pendant douze ans et où le partage a toujours été constitutif de l’ADN. De la conviction, car lorsque l’on partage ses mandats, on s’en sort mieux sur le plan des affaires. Et enfin des certitudes, car après toutes ces années, je n’ai plus aucun doute que pour réaliser plus de chiffre d’affaires, il convient de partager.
Des fichiers de partage de mandats existent déjà. Pourquoi en créer un nouveau ?
J’ai personnellement pris part, en 2009, à la création du fichier Amepi. Avec ses membres fondateurs nous avions un objectif : conquérir le marché et partager nos mandats exclusifs. Or, quinze années ont passé, et il faut se rendre à l’évidence que les objectifs que nous nous étions fixés n’ont pas été atteints : sur les quelque 27 000 cartes professionnelles que l’on recense en France, seulement 4 000 travaillent avec le fichier Amepi.
Dans cette intervalle, d’autres outils de partage ont été créés (on en compte quatre principaux), chacun évoluant dans une sphère bien précise, je pense notamment à Interkab, l’outil de la Boîte Immo, réservé à ses clients.
Or, ces cinq dernières années, d’importants changements sont intervenus dans notre profession, avec en guise d’unité de compte non plus l’agence immobilière mais l’agent immobilier, matérialisé par l’émergence forte des mandataires.
Dès lors, quels sont les objectifs de l’outil iListing ?
Celui de fédérer sur une même plateforme, et dans le cadre d’une vision œcuménique de la profession, tous ces publics, quel que soit leur statut : les adhérents aux quatre systèmes existants, plus tous les autres, soit près de 10 000 professionnels de l’immobilier qui ne partagent pas encore leurs mandats.
Deuxième idée forte du concept d’iListing : reposer sur un modèle d’adhésion gratuit. En guise de source de revenus, l’association Partage + ne s’appuie, en effet, que sur du sponsoring visible sur le site : des écoles de formation, des assureurs, des courtiers, des déménageurs, des diagnostiqueurs, des fournisseurs d’énergie, etc.
Ce choix stratégique et politique de la gratuité est aussi rendu possible par la légèreté de notre structure : outre le délégué général, elle s’appuie uniquement sur un président, un secrétaire et un trésorier. Et ne compte pas de locaux.
Comment fonctionne la plateforme ?
Elle est d’abord accessible sur tous les supports numériques et est spécialement conçue pour les smartphones. Le logiciel iListing est également compatible avec toutes les solutions existantes du marché. Pour adhérer, il suffit de s’y inscrire, et ensuite un processus de contrôle et de vérification de l’identité du professionnel est activé, celui-ci passant du statut de validé à certifié.
Une fois le professionnel devenu membre de la plateforme, il peut interagir avec les autres, via notamment un système de messagerie instantané. Aussi, les agents immobiliers membres négocient librement les modalités de partage des commissions, et peuvent régler la jauge de l’honoraire jusqu’à 70 %.
Faire coexister des professionnels aux profils différents, notamment les mandataires et les salariés des agences, n’est-il pas risqué pour la pérennité du projet ?
Les mentalités évoluent sur nos marchés, les postures de départ tendent à se rapprocher. N’oublions pas qu’il y a encore quelques années, c’était la guerre entre les agents immobiliers. Aujourd’hui, cette époque est révolue. 35 % du marché de la transaction échappe encore aux professionnels. Pour combler ce retard, les vendeurs et les acquéreurs se moquent du statut du professionnel qu’ils ont en face d’eux.
Avec ce projet, ce n’est pas un mariage de passion que nous voulons, mais un mariage de raison. Réduire la part du marché réalisée par les particuliers est une ambition forte que nous avons. Et le partage des mandats exclusifs demeure, pour y parvenir, un levier fort.
La plateforme est-elle d’ores et déjà opérationnelle ?
Oui, elle l’est. Mais elle n’est pas encore ouverte, car son lancement requiert l’adhésion de 10 000 inscrits. Pour l’heure, nous en sommes à 4 000. Nous pensons atteindre cette barre des 10 000 à horizon mi-janvier 2021. Quant à nos objectifs, c’est d’atteindre, une année pleine après l’ouverture de la plateforme, 20 000 utilisateurs. Aussi, courant 2021, nous comptons nous ouvrir à l’international avec, côté pays « vendeurs » le Sud de l’Europe, et côté pays « acheteurs » le Nord du continent.