« Une marque de reconnaissance forte de l’exécutif pour les mandataires »
Par Christian Capitaine | Le | Réseau de mandataires
Le 6 décembre 2021, les poids lourds des réseaux de mandataires en France, aux côtés d’autres de tailles intermédiaires, ont été reçus par Emmanuelle Wargon, ministre déléguée en charge du Logement, à l’initiative de La Maison des Mandataires, présidée par Vincent Pavanello. Ce dernier revient sur le contenu de cette réunion. Et défend, dans les colonnes d’ImmoMatin, la profession des mandataires, dont certains professionnels de l’immobilier critiquent sans détour le modèle.
La Maison des Mandataires, que vous présidez, ainsi qu’une dizaine de dirigeants de réseaux de mandataires ont été reçus, lundi 6 décembre, par Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du Logement. Quel fut l’objet de cette rencontre ?
L’objectif était de mieux faire connaitre le modèle des réseaux de mandataires à Madame la Ministre. Pour les réseaux de mandataires, cette rencontre avec un membre de l’exécutif était une première. Nous lui avons présenté le fonctionnement des réseaux, puis avons rappelé les chiffres-clés de la profession : 40 000 mandataires, 20 % de parts de marché, 80 % de recrutements sur des personnes en reconversion, etc.
D’autres sujets ont été évoqués lors de cette rencontre, dont celui des enjeux du logement au sens large : l’accession à la propriété des primo-accédants, la hausse des prix dans les métropoles, etc.
Ensuite, sur un plan plus « micro », des sujets plus techniques ont été abordés, qui ont trait, notamment, à la digitalisation des services de l’Etat. L’objectif étant, avec ces outils, de faciliter le développement des réseaux notamment en fluidifiant le process de validation des cartes T.
Pour résumer, cette rencontre fut une marque de reconnaissance forte et officielle de la ministre pour la centaine de réseaux de mandataires qui sont déployés en France.
Y-avait-il, de la part des dirigeants de réseaux de mandataires, une attente de reconnaissance de la part des pouvoirs publics ?
Oui, elle était souhaitée. Car cela fait trop longtemps qu’une partie de la profession de l’immobilier dénigre notre modèle. Et lorsque Emmanuelle Wargon prend officiellement position pour nous confirmer notre ancrage dans le paysage immobilier et que nous sommes légitimes, cela fait très plaisir aux acteurs de l’écosystème.
A présent, le dialogue est établi entre nous et les équipes ministérielles. En conséquence, les mandataires, et l’organisme que je représente, seront régulièrement force de propositions sur de nombreux sujets, par exemple sur l’ensemble des questions relatives au statut des indépendants, ou encore sur la digitalisation du secteur et sa professionnalisation.
Nous inviterons d’ailleurs les représentants des autres modèles d’intermédiation, notamment les acteurs des agences vitrées, à participer à certaines de nos réflexions. La Maison des Mandataires souhaite faire avancer la profession et il n’est pas questions de jouer un modèle contre un autre.
Un point marché : comment se sont portées les affaires des réseaux de mandataires en 2021 ?
La Maison des Mandataires n’est pas encore en mesure de livrer un chiffre précis s’agissant de la dynamique de leur activité. Nous le ferons début mars 2022. En revanche, je tiens de source sûr de plusieurs réseaux de mandataires qu’ils ont continué à croître cette année très fortement sur le plan de leur chiffre d’affaires.
Plusieurs professionnels de l’immobilier dits « traditionnels » considèrent comme déloyale la concurrence que leur oppose le modèle des mandataires. Cette distorsion de concurrence est liée, selon eux, au nombre de commerciaux qu’un titulaire de carte professionnelle peut porter, et ce, sans restriction de distance. Leur prise de position est-elle légitime ?
Ce n’est en aucun cas une distorsion de concurrence. Il s’agit tout simplement de deux modèles différents. Jusqu’à preuve du contraire, une agence physique a le droit de recruter autant d’agents commerciaux qu’elle le souhaite, et ce, partout sur le territoire. Il y aurait distorsion de concurrence si les règles du jeu étaient différentes entre ces deux modèles. Or, ce n’est pas le cas. Donc, tordons le cou à cette idée de concurrence déloyale qui serait à l’œuvre.
Certains agents immobiliers traditionnels, titulaires de la carte professionnelle, affirment néanmoins que les réseaux de mandataires ne peuvent pas bien former un collaborateur qui est distant de plusieurs centaines de kilomètres. Et qu’ils voient rarement…
Je comprend que la question se pose. Cela étant, il faut aussi s’intéresser au travail qui a été déployé, ces récentes années, par les réseaux de mandataires. Beaucoup a été fait pour assurer à leur conseillers un niveau de formation homogène sur tout le territoire.
Je rappelle que les réseaux de mandataires s’appuient sur des organismes de formation en interne, qui rayonnent partout en France, et y compris, bien sûr, en présentiel. Et ces formations vont d’ailleurs bien au-delà des exigences de la loi ALUR.
Ajoutons que le modèle de parrainage et de constitution d’équipes locales de mandataires dans les territoires favorise, de fait, le partage d’expériences, de méthodes et de techniques entre ces professionnels.
Et si de plus en plus de clients font confiance aux mandataires chaque année, c’est bien qu’ils ont la conviction d’être accompagnés par des professionnels formés.
Le fait que la carte professionnelle soit portée par le réseau, et non pas par le mandataire, n’entache-t-il pas la crédibilité de ce dernier aux yeux du porteur de projet immobilier ?
Ce qui compte, pour le consommateur, c’est que quelqu’un soit responsable en cas de problème. Et que celui-ci soit l’agence immobilière qui a pignon sur rue ou le siège d’un réseau de mandataire ne change rien.
J’ajoute même que quand on connaît la qualité des équipes supports au sein des réseaux de mandataires, ajoutée à la qualité de leur structure financière, en tant que consommateur, je peux, en cas de problèmse, dormir sur mes deux oreilles. Aussi, si les consommateurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les mandataires, c’est qu’ils considèrent que leur modèle est sécurisant juridiquement.
Autre critique faite aux mandataires par les acteurs « traditionnels » : le fait que ce modèle engendre des travailleurs pauvres, le nombre de transactions s’établissant par mandataire et par an à 3,5. Quels arguments leur opposez-vous ?
Ce chiffre de 3,5 est issu de mon livre blanc, publié au printemps dernier. Pour l’établir, nous avons divisé les 140 000 transactions réalisées sur les douze derniers mois par le nombre de mandataires, soit 40 000. Or, si on lit l’intégralité du raisonnement qui figure dans ce livre blanc - ce que visiblement tout le monde n’a pas fait - j’explique effectivement que le chiffre brut est bien 3,5, à ce détail près que, parmi ces 40 000 mandataires, 10 000 sont arrivés au cours des six derniers mois.
Si l’on ôte ainsi ces nouveaux mandataires, toujours en période d’incubation, et que l’on prend en compte les mandataires qui travaillent à mi-temps, on ramène les effectifs à 25 000, le nombre de transactions par conseiller et par an approche alors la barre des 6.
Cela étant dit, je n’occulte pas le fait que des écarts importants existent entre des professionnels qui produisent beaucoup et d’autres moins, comme d’ailleurs dans les agences traditionnelles.
Le réseau eXp France atteint les 100 mandataires
Le réseau eXp France, nouveau membre de La Maison des Mandataires, fête, en décembre 2021, son premier anniversaire en dépassant les 100 conseillers, vient-il d’indiquer dans un communiqué.
« C’est un cap important que fête eXp France, après une année d’activité dans l’Hexagone, ajoute-t-il. Une année de découverte pour une entreprise au modèle inédit et 100 % digitale. Une année sous le signe d’un fort développement, caractérisée par le recrutement de plus de 100 conseillers immobiliers, sous l’égide de Samuel Caux, son directeur général. »
Fondé en 2009 aux États-Unis, le réseau eXp a démarré son expansion internationale en 2020, en pleine crise sanitaire mondiale. « Un pari osé, mais un démarrage en trombe puisque l’entreprise est aujourd’hui présente dans 18 pays et compte plus de 69 000 conseillers », rappelle-t-il.