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SeLoger : « Nous ne créons pas un marché de ventes entre particuliers » (F. Le Tendre)

Par Christian Capitaine | Le | Sites pour les particuliers

En ouvrant, fin juin 2023, sa plateforme aux annonces des particuliers, SeLoger indique, par la voix de Franck Le Tendre, vice-président des opérations d’Aviv France, vouloir proposer à ses clients agents immobiliers une nouvelle source de captation de leads. « Avec cette ouverture, nous leur offrons une formidable fenêtre de piges », affirme-t-il.

Franck Le Tendre, vice-président des opérations d’Aviv France - © D.R.
Franck Le Tendre, vice-président des opérations d’Aviv France - © D.R.

Le marché immobilier s’est considérablement tendu ces derniers mois. Quelles mesures doivent être prises pour le relancer ? 

Chez SeLoger, nous n’avons pas pour habitude de commenter l’actualité politique et les décisions qui en découlent. Nous avons, avec Pascal Vergriete, un nouveau ministre délégué en charge du logement, laissons-lui le temps de prendre ses marques.  

Par ailleurs, on sait bien que l’immobilier est un marché cyclique, alternant périodes de croissance et de crise. Or, quels enseignements peut-on tirer des crises que l’on a vécues ? Deux types de réactions sont généralement observées dans les entreprises.

Il y a, d’une part, celles qui font le dos rond, qui coupent les budgets et qui attendent que la machine redémarre. Et puis celles qui, au contraire, profitent de ces périodes difficiles pour se réinventer, faire tomber les dogmes et se projeter sur les terrains de l’innovation.  

Chez SeLoger, et plus globalement au sein du groupe Aviv, nous proposons nos services à cette deuxième catégorie d’entreprise, en leur disant que nous sommes à leurs côtés pour co-construire et co-innover. Et nul doute que l’actualité récente a montré que SeLoger a bien su anticiper le marché en ouvrant sa plateforme aux particuliers.  

Pourriez-vous revenir, plus en détails, sur les raisons qui vous ont convaincus d’opérer cette ouverture de la plateforme aux annonces des particuliers ? 

Dans un marché immobilier qui, depuis le début de l’année, s’est retourné, où l’acquéreur est devenu une denrée rare, il était important que nous apportions cette réponse.

Depuis 20 ans, les grandes dynamiques du marché immobilier sont immuables : environ 50 % des vendeurs se disent qu’au démarrage ils vont agir seul. Et parmi eux, 1 sur 5 décide finalement de confier la vente de son bien à un professionnel. Résultat : 1/3 des transactions échappent aux agents immobiliers.

Chez SeLoger, nous sommes convaincus que cette population qui a décidé d’agir seule doit être captée suffisamment tôt pour qu’on lui recommande l’intérêt de passer par un professionnel pour réaliser la vente de son bien immobilier. La finalité de cette ouverture de notre plateforme est claire : mettre en relation le professionnel avec le particulier. C’est notre vocation.

Nous sommes convaincus que si les particuliers viennent sur SeLoger, les mandats suivront pour les agents immobiliers.   

Pourquoi ne pas faire payer les particuliers qui déposent leurs annonces ? 

Pour inciter un maximum d’entre eux à venir sur notre site. Mais attention, l’offre que nous proposons aux particuliers est très différente de celles que nous réservons aux professionnels : ces dernières intègrent des fonctionnalités dont ne peuvent pas profiter les particuliers.

Les particuliers, par exemple, sont limités en nombre de photos. Ils ne bénéficient pas, non plus, des technologies de boosts, ni des statistiques sur le nombre de clics générés par annonce. De plus, notre algorithme d’affichages des annonces place toujours en premier celles des professionnels.  

J’ajoute qu’en ouvrant SeLoger aux particuliers, nous offrons aux professionnels une formidable fenêtre de piges. En effet, s’il le souhaite, le particulier peut laisser son numéro de téléphone sur son annonce. De plus, à la fin du parcours du dépôt de l’annonce, SeLoger mettra tout en œuvre pour avoir le consentement du particulier d’être mis en contact avec un professionnel.  

Sur ce marché immobilier qui s’est retourné et qui devrait rester tendu plusieurs mois, les particuliers auront davantage de difficultés à vendre. Dans ce contexte, les agents immobiliers auront de forts arguments à faire valoir pour les convaincre de leurs confier les mandats.  

Comprenez-vous que cette ouverture de la plateforme SeLoger aux particuliers ait suscité le courroux des professionnels ? 

Nous avons lu et entendu beaucoup de choses sur le sujet. Mais sachez qu’avant le lancement de cette offre aux particuliers, nous avons pris contact avec tous les grands patrons de réseaux immobiliers et les syndicats professionnels pour leur informer de notre stratégie de croissance.

En faisant cette ouverture, avec aujourd’hui environ 6 000 annonces de particuliers sur un total de 1 million d’annonces immobilières, nous ne créons pas un marché de ventes entre particuliers. Nous créons, pour les professionnels, une nouvelle source de captation de leads. Le métier de SeLoger reste et restera de qualifier les leads au profit de la profession.

Quelle a été la réaction des professionnels de l’immobilier lorsque vous leur avez exposé les grands axes de votre stratégie ? 

Elle a été plutôt bonne. Certains nous ont même demandé pourquoi nous n’avions pas ouvert plus tôt ! D’autres, à l’image du réseau Orpi, l’ont trouvée innovante et ont salué notre capacité à faire bouger les lignes en ces moments difficiles. Malheureusement, nous n’avons pas pu voir nos 25 000 clients.

En tout cas, nous n’avons jamais cherché à cacher quoi que ce soit. Je le répète : nous sommes convaincus que la transaction immobilière est une affaire de professionnels. Nous n’avons aucune vocation à nous substituer à nos clients.