« Je veux protéger le titre d’agent immobilier », JM Torrollion, FNAIM
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Jean-François Buet passe officiellement le relais à Jean-Marc Torrollion, élu à la tête du premier syndicat immobilier en octobre dernier avec 58.40 % des voix. Ce « Monsieur Digital » de la Fédération, qui officiait jusque-là comme Président délégué, incarne la modernité mais aussi une certaine continuité. Quels sont les grands projets du nouveau Président ? Réponses du nouvel homme fort de la FNAIM
Quels sont vos principaux challenges en interne ?
Un grand défi nous attend sur la formation professionnelle. Nous avons la chance d’avoir une Ecole Supérieure de l’Immobilier qui est leader, mais la réforme de la formation va être une opportunité pour aller plus loin. Je veux par exemple créer des écoles de vente de proximité et des filières de qualification. En interne, je souhaite aussi moderniser la façon dont la FNAIM rend des services à ses adhérents. Nous devons prendre en compte une population jusque-là ignorée en termes de traitement et de formation : les agents commerciaux.
Quels seront vos premiers chantiers ?
Je veux élever le niveau de réflexion de notre fédération. Nous allons créer le Laboratoire Economique du Logement (LABEL) qui aura pour vocation de recueillir notre data et d’être le pivot documentaire qui nourrira l’ensemble de nos propositions. Ce laboratoire devra être capable d’avoir une production reconnue et identifiée par les parlementaires et les élus - et nous aider à être audible. Je ne veux pas être dans la réaction mais dans la proposition. Je propose par exemple de réécrire totalement certains textes en commençant par le décret sur la récupération des charges locatives.
Quelle est la mesure-phare de votre programme vis-à-vis de la profession ?
Je souhaite que l’on protège le titre d’agent immobilier. Nous avons une obligation de carte professionnelle, de garantie financière, nous aurons bientôt une commission de contrôle… bref, nous évoluons dans un environnement extrêmement réglementé. Or, notre statut de commerçant ne nous sauvera pas de la concurrence déloyale si on ne capitalise pas sur notre règlementation. Puisqu’on nous attribue tous les signes d’un ordre, nous revendiquons une égalité de traitement par rapport aux notaires, aux avocats, aux huissiers ou aux géomètres… qui ont des avantages concrets. Je suis libéral : je ne demande pas le monopole. Mais je souhaite protéger le titre d’agent immobilier, car il est différent de l’agent commercial ou du notaire. Dans la bataille qui s’annonce sur notre marché, le consommateur a droit à une explication. Les Etats-Unis ont un titre de Realtor. Or, n’est pas Realtor qui veut. Je veux exactement la même chose en France.
Vous avez donc la même position que votre prédécesseur sur les agents mandataires ! ?
Les réseaux de mandataires ont un point positif : ils participent au développement et à la structuration de l’intermédiation, ce qui nous va bien. En revanche, là où je rejoins Jean-François Buet, c’est sur la fonction de la carte professionnelle. Un agent immobilier ne peut pas avoir des salariés dans toute la France avec sa carte T car il a une obligation de territorialité, alors que des enseignes peuvent propulser 5000 collaborateurs avec un contrôle beaucoup moins poussé que pour nous. En réalité, je crois qu’il va y avoir une convergence des modèles. Tout cela va se corriger par une réalité économique : demain, le modèle des mandataires se rapprochera du nôtre, qui est voué à évoluer avec des implantations territoriales. Nos différences seront alors acceptables.
La FNAIM a su attirer de belles enseignes mais a perdu des adhérents. Comment comptez-vous les reconquérir ?
Nous devons insuffler une image de modernité pour nos chefs d’entreprise. L’immobilier doit être un marqueur de professionnalisme et de réussite. Ma grande crainte, c’est que les corps intermédiaires soient ringardisés. Je veux faire comprendre que la FNAIM n’est pas un modèle d’entreprise mais un modèle de compétences. Notre Fédération doit s’adapter à l’évolution de nos métiers. Et cette reconquête doit viser aussi bien les transactionnaires que les administrateurs de biens.
Et sur le digital ?
Nous allons créer une commission « prospective » dont les membres devront représenter toutes les facettes de l’innovation de nos métiers, sans tabous. Ma première réunion se fera d’ailleurs chez Google. Nous allons par ailleurs développer un incubateur d’entreprises en interne, avec un modèle d’auditions, de conseil en pertinence et de promotion. Pour beaucoup de start-ups, être labelisé FNAIM a une vraie valeur pour lever des fonds.
Gaëlle Fillion