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Crise de la construction : « Il est déja trop tard pour 2025 » selon l’Alliance pour le logement

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« Le logement est un sujet qui s’inscrit dans la durée. Un logement collectif dont le permis de construire est accordé en 2024 ne sera mis à disposition d’un locataire ou d’un accédant qu’en 2029 au plus tôt. Il est déjà trop tard pour 2025. Si le PLF est reconduit en l’état, ce sont 150 000 salariés qui seront perdus et 25 000 entreprises, majoritairement des TPE, qui se retrouveront directement en liquidation judiciaire », a déploré Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, lors du 84e congrès HLM, à Montpellier, le 26 septembre 2024.

Conférence de presse de l’Alliance pour le logement (26/9/2024, à Montpellier) - © D.R.
Conférence de presse de l’Alliance pour le logement (26/9/2024, à Montpellier) - © D.R.

Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment, s’est exprimé lors d’une conférence de presse de l’Alliance pour le logement organisée dans le cadre lors du 84e congrès HLM, à Montpellier, jeudi 26 septembre, afin d’alerter sur la « crise multifactorielle et profonde  » qui touche le secteur.

Pour répondre à cette crise, l’Alliance du Logement propose sept mesures « faciles à mettre en place (car les mécanismes existent déjà), devant être actées dès le PLF 2025 » :

• Un rétablissement d’un PTZ universel, partout et pour toutes les formes urbaines, ou d’un prêt à taux bonifié sur le même principe, avec de longs différés de remboursement ;

• Une prorogation du Pinel (version 2022) et rouvert à la maison neuve, faute de disposer du temps suffisant pour élaborer et mettre en place un autre dispositif ;

• Un choc en matière de production de logement social en supprimant la RLS ;

• Un maintien en 2025 des aides à la rénovation énergétique, singulièrement de MaPrimeRénov’ dans ses conditions actuelles ;

• Le maintien du fonds destiné aux bailleurs sociaux (1,2 Md€ répartis en 400 M€ par an) dont le violent rabotage (700 M€ bloqués) apparaît incompréhensible compte tenu des besoins et des équilibres financiers ;

• les nécessaires adaptations de la règlementation pour favoriser la Vefa de rénovation des logements les plus énergivores ;

• un glissement des étapes à venir de la RE2020, qui ont en tout état de cause 7 ans d’avance sur la réglementation européenne, afin d’éviter un nouveau choc d’inflation réglementaire dès 2025.

« Un recrutement sur cinq ne se réalise pas faute de logements disponibles » (Gregory Monod, président Pôle Habitat FFB)

« Nous sommes convaincus que la nouvelle ministre du Logement se battra à nos côtés, mais nous sommes comme avec un tuba à la bouche, à bout de souffle, sous la ligne de flottaison. En 2024, les défaillances ont augmenté de 40 % chez les constructeurs de maisons individuelles. Face à cela, le budget 2024 présente une impasse de 10 Md€, et le PTZ est plafonné à 700 Md€, alors que nous savons que l’ensemble des crédits ne sera pas atteint », a déclaré, pour sa part, Gregory Monod, président du pôle Habitat de la FFB). »

« Chaque PTZ représente un gain net de 22 000 € pour l’état. Le secteur du logement, par son activité, contribue largement à l’économie : un recrutement sur cinq ne se réalise pas faute de logements disponibles. Certains jeunes sortis de leurs études, chômeurs ou salariés se trouvent aujourd’hui bloqués dans leur parcours professionnel, d’autres refusent un emploi par crainte de ne pas trouver un logement. »

« Le Premier ministre a pleinement conscience de la situation » (Pascal Boulanger, FPI)

Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers, a déploré, lors de cette conférence de presse, que « la crise alimente la crise, et les projets sont abandonnés les uns après les autres. Si rien n’est fait, 300 000 emplois disparaîtront dans l’ensemble des filières concernées par le logement (150 000 cols bleus et 150 000 cols blancs).

« Désormais, en la personne de Valérie Létard, une grande professionnelle des questions de logement est à nos côtés. L’ancien gouvernement pensait que les professionnels devaient souffrir pour que les prix baissent. Mais en réalité, il n’y a pas eu de baisse, car les prix dépendent de contraintes techniques, et la crise pousse de nombreux acteurs à se retirer du marché. »

Avant de conclure : « Le Premier ministre a pleinement conscience de la situation, mais les finances de la France ne laissent que peu de marge de manœuvre. C’est pourquoi nous proposons des mesures peu coûteuses pour l’État. »

« De plus, comme le souligne Patrice Martin, sans logements adaptés, il est difficile de recruter et de favoriser la mobilité professionnelle. Le secteur a besoin d’une assistance respiratoire ; ce n’est pas le moment d’arrêter le dispositif Pinel, mais plutôt de le maintenir encore un an ou deux. Même si la Cour des comptes le trouve imparfait, elle a souligné que de nombreux projets n’auraient pas vu le jour sans ce dispositif. »