« L’essor du télétravail pourrait dessiner une nouvelle géographie de l’immobilier » (C. du Pontavice)
Par Christian Capitaine | Le | Réseau de mandataires
Le réseau EffiCity a, très tôt, adopté les outils digitaux pour organiser et traiter ses dossiers de transactions. C’est ce qui permet à ses 1 600 mandataires de rester particulièrement actifs en cette période de confinement, explique son CEO, Christophe du Pontavice. Pour ce dernier, également, le développement du travail à distance offrirait au marché de l’immobilier de nouvelles perspectives de développement.
Depuis le début du confinement, comment se portent les affaires de votre réseau ?
Dans cette conjoncture difficile pour le marché dans l’ancien, nous avons réussi à conclure des affaires, notamment grâce aux signatures à distance, via visioconférence : sur mars et avril 2020, nous sommes à respectivement 50 % et 30 % de notre chiffre d’affaires prévisionnel. Aussi, notre caractère « digitale native » nous permet de demeurer actif, même si nos mandataires restent confinés. Concrètement, nous signons des mandats en ligne, nous réalisons des visites virtuelles et avons systématisé les estimations vidéos en ligne.
Dans ce dernier cas de figure, le propriétaire fait visiter son bien « en live » à l’agent immobilier qui, ensuite, lui bâti une stratégie pour le commercialiser. Cette technique plaît beaucoup et permet de bien préparer les ventes pour l’après-confinement.
Vous avez annoncé, le 21 avril 2020, avoir déployé un plan de soutien pour accompagner vos mandataires. Que contient-il ?
EffiCity a la chance d’être financièrement en bonne santé et d’avoir un actionnaire solide comme Foncia. Il n’empêche : nous devons accompagner nos agents et leur trésorerie à traverser leur trou d’air dans ce contexte de crise. Pour les aider financièrement, la tête de réseau a décidé, d’une part, dès la mi-mars, de suspendre la paiement de leurs redevances, et ce jusqu’à la fin du confinement. Cette mesure concerne tout le monde : les anciens, comme les nouveaux arrivants, dont les 150 qui nous ont rejoints en avril.
Deuxièmement, nous avons créé un fond de soutien de 1,5 million d’euros (financé via un prêt, à taux très avantageux, garanti par l’État), qui permet d’avancer une partie des commissions sur les actes authentiques dont la signature est décalée du fait du confinement.
Ce plan de soutien contient également un volet formation…
En effet, via le « Campus EffiCity », nous avons fédéré formateurs, salariés du siège et consultants pour enrichir notre catalogue de formations, autour de thématiques spécifiques (marketing, juridique, aides gouvernementales, échanges d’expérience et des meilleures pratiques). Les formats sont variés : Facebook lives, masterclass en ligne, réunions d’informations sur les mesures gouvernementales, de formulaires officiels, etc. Surtout, ces formations sont ouvertes à tout le monde et donc à tous les autres professionnels de l’immobilier qui ne doivent pas se retrouver isolés en cette période. Nous gardons en ligne de mire la réouverture du marché, dans quelques semaines.
Comment vos mandataires se préparent-ils pour l’après-confinement ?
Après la phase 1, celle du confinement, au cours de laquelle nous avons tout mis en œuvre pour traverser la crise, nous venons d’entrer dans la phase 2, celle dite de « préparation pour le jour d’après ». Pour cela, nous avons développé nos ateliers virtuels de partage des compétences et bonnes pratiques, notamment les visio-estimations et les visites virtuelles. En substance, il s’agit de voir comment s’organiser pour faire moins de visites physiques, et donc développer les visites virtuelles pour les potentiels acquéreurs.
Pour les visites physiques, nos mandataires seront bien sûr équiper de masques. Et bien sûr, nous continuerons à développer les signatures à distance, qu’elles concernent les mandats ou les compromis de vente.
Comment va, selon vous, se comporter le marché en sortie de crise ?
Devant cette crise inédite, personne ne le sait, mais il faudra faire preuve d’agilité et de vivacité pour comprendre l’état nouveau du marché. Ce qui est sûr, aussi, c’est que les deux mois qui suivront le déconfinement seront marqués par un creux sur le plan des affaires, à cause du faible nombre de mandats qui auront été signés préalablement. Deuxième certitude : le marché se rééquilibrera davantage en faveur des acquéreurs, ceux qui sont financés.
Enfin, et même s’il ne s’agit que de signaux faibles émis : on peut penser qu’un engouement des Français se manifestera pour l’achat de résidences principales à la campagne ou en dehors des villes. On le voit bien : le télétravail, ça marche. Et son développement pourrait permettre de dessiner une nouvelle géographie de l’immobilier. Restons optimistes : 70 % de nos compatriotes ne déclarent-ils pas qu’ils réactiveront leur projet immobilier une fois le confinement passé ?