« Situation critique », « flou général » : le secteur immobilier réagit à la crise politique
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« Situation critique », « instabilité politique néfaste », « flou général », « troubles institutionnels désastreux » : telles sont quelques-unes des réactions à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale des acteurs du secteur de l’immobilier, du logement et de la construction (Unis, FPI, Fnaim, Capeb…) recueillies par notre partenaire News Tank, le 11 juin 2024.
« Le Président enlève toute visibilité aux ménages » (Henry Buzy-Cazeaux, IMSI)
« La dissolution de l’Assemblée Nationale et les troubles institutionnels qui en découlent sont désastreux pour l’économie et le marché du logement en particulier.
Le Président enlève toute visibilité aux ménages, qui n’investiront pas à long terme lorsqu’ils ignorent ce que sera leur pays dans deux ou trois mois.
Sans compter les incertitudes sur les taux d’intérêt, qui reflètent la confiance des marchés financiers ou le manque de confiance. En clair, une impéritie coupable du Chef de l’État, dont le logement et ses acteurs n’avaient pas besoin. »
« Nous souhaitons une prise de conscience totale des futurs députés » (Pascal Boulanger, FPI)
« Le congrès de la FPI se tient le 27 juin 2024 et a pour titre Urgence logement. Encore une fois, cette urgence n’est pas prise en compte. C’est encore une perte de temps car les travaux parlementaires sont à l’arrêt.
Nous sommes repartis vers un contexte qui tend à se dégrader alors qu’on attendait des décisions structurantes et rapides. Concernant l’avancée du projet de loi sur le logement abordable, l’ensemble du secteur de la promotion est dans le flou et nous restons dans l’attente d’une réponse du ministre du Logement à ce sujet.
Nous souhaitons une prise de conscience totale des futurs députés. Ils doivent comprendre que la situation de la construction neuve est critique. Nous n’avons plus de demande et ne mettons plus rien à l’offre, nous devons même retirer des projets qui ne peuvent être lancés. Nos collaborateurs nous quittent car le secteur n’a plus la capacité de les garder.
Concernant la montée des extrêmes, mon rôle n’est pas de faire de la politique, je suis là pour défendre le secteur du logement. La démocratie permet aux gens de s’exprimer et ils ont exprimé leur mécontentement. Cela fait longtemps que j’alerte sur une possible vague de colère de la population que je rencontre au quotidien dans mon métier. La grogne se fait de plus en plus palpable et certains Français se sentent délaissés par le gouvernement actuel et ont réagi de la sorte. »
« Les Français sont les premiers perdants de cette dissolution » (Danielle Dubrac, UNIS)
« Les Français sont les premiers perdants de cette dissolution. L’accession à la propriété et la construction reculent, les étudiants vont vouloir se loger à la rentrée et l’ensemble des textes qui pouvaient permettre de fluidifier le parcours sont soit supprimés soit à l’arrêt sans réelle perspective d’avenir.Il faut comprendre que l’Unis se veut apolitique. Mais cette situation de blocage est inédite pour le secteur.
Ainsi, il est clair que le logement ne ressort pas grandi de cette annonce. L’ensemble des PPLsautent. On assiste donc à la suppression de textes porteurs pour nos métiers, comme la régulation des meublés touristiques ou encore la portabilité des prêts.
Quand toutes ces mesures deviennent caduques, on ne peut qu’être dans l’interrogation quant aux priorités du nouveau gouvernement. Je pense notamment à la clarification du calendrier de location des passoires énergétiques ou encore à la simplification des permis de construire. Toutes ces mesures bénéfiques pour le secteur risquent de ne plus aboutir.
Il va falloir désormais se pencher sur l’ensemble des programmes des candidats aux élections législatives afin de fixer le nouveau paysage de l’Assemblée et de soutenir les candidats qui ont réellement compris les problématiques du secteur. »
« Le jeu de chaises musicales politique n’impacte pas le cap de notre fédération » (Loïc Cantin, Fnaïm)
« L’instabilité politique n’entraîne jamais rien de bon pour la confiance des ménages et leur parcours résidentiel. C’est une grande déception pour notre fédération, car la politique du logement tendait vers des modifications notables, tant sur la décence énergétique, la portabilité des prêts que la simplification des règles de copropriété.
Il va falloir attendre septembre 2024 pour savoir s’il faudra convaincre un nouveau gouvernement des bienfaits de ces mesures ou reprendre le travail avec une majorité gouvernementale similaire à celle d’aujourd’hui.
Aujourd’hui, il est certain que le bâtiment manque de main-d’œuvre et que nous avons besoin de nouvelles populations désireuses de travailler dans le secteur. La redistribution des cartes et du gouvernement appartient à la stratégie politique. C’est un jeu de chaises musicales qui n’impacte pas le cap de notre fédération, qui est de défendre l’ensemble des Français à travers le rôle social, environnemental et économique du logement. »
« Le ministre du Logement semblait enfin nous entendre » (Jean-Christophe Repon, Capeb)
« Ce moment est contraignant pour l’activité de l’artisanat du bâtiment. Il y avait des enjeux très importants concernant notamment la simplification du RGE et les groupements momentanés d’entreprises. Les négociations étaient grandement avancées afin d’amener le maximum d’entreprises artisanales à entrer dans la démarche de la rénovation énergétique. Cet arrêt est donc brutal et, pire, il laisse interrogatif face aux perspectives d’activité pour 2025.
En effet, cela fait des années que nous œuvrons pour que les TPE soient prises en compte à leur juste valeur dans les efforts de massification. Pourtant, le ministre du Logement actuel semblait enfin nous entendre. Bien sûr, quel que soit demain le nouveau gouvernement, nous porterons les propositions d’avenir pour faire entendre les voix de ces entreprises.
Ainsi, notre fédération a pour seul but de défendre les intérêts de nos adhérents et ne se veut pas porteuse d’un message politique.
Néanmoins, la Capeb a toujours été un vecteur d’intégration tant pour les entrepreneurs issus des flux migratoires que pour promouvoir la place de la femme dans ces sociétés. Nos problématiques sont davantage liées à la transmission car le secteur rural est moins touché par la question migratoire.
L’important est de rester attractif pour les jeunes générations mais également d’analyser les différents programmes qui nous seront présentés dans le cadre des législatives. Nous allons d’ailleurs dans ce sens bientôt publier un nouveau livre blanc pour permettre aux Français de comprendre les enjeux économiques de ces élections pour les TPE. »
« Des mesures simples et efficaces pour un énième ministre du Logement » (Arnaud Hacquart, Imodirect)
« Cette dissolution entraînera la nomination d’un énième ministre du Logement, alors que le secteur a un besoin urgent de stabilité et de mesures concrètes pour sortir du marasme :
Pour le secteur des transactions, l’accès au crédit doit être libéré en supprimant le HCSF, la fiscalité locative des propriétaires bailleurs doit être uniformisée avec des incitations fiscales pour les premières années d’investissement, et l’IFI doit être supprimé.
Pour le secteur de la gestion locative, il faudrait repousser de 12 mois l’interdictions de louer pour les bailleurs ayant engagé des travaux de rénovation avant le 31 décembre 2024, durcir les mesures contre les impayés de loyers en créant un fichier de mauvais payeurs accessible aux professionnels, réévaluer les plafonds de facturation imposés par la loi ALUR datant de 2014, rendre obligatoire la gestion locative par des professionnels pour sécuriser les données personnelles et de lutter contre la fraude fiscale.
Ces mesures simples mais efficaces pourraient rapidement redonner l’envie d’investir dans l’immobilier et ainsi offrir plus de logements aux Français. »