Logiciels

Syndic : Bellman s’offre un nouveau départ

Par Christian Capitaine | Le

Antonio Pinto, cofondateur de Bellman, revient sur les raisons qui l’ont conduit à faire pivoter sa structure de néo-syndic de copropriété en éditeur de logiciels, doublé d’une activité de réseau de franchise de syndic.

Antonio Pinto, cofondateur de Bellman - © Alexandre Alloul Photographie
Antonio Pinto, cofondateur de Bellman - © Alexandre Alloul Photographie

Pouvez-vous rappeler les conditions qui vous ont conduit, à l’été 2022, à mettre en place un plan de sauvegarde de l’emploi ?

L’objectif était d’anticiper la crise sur les investissements financiers qui se profilait. En effet, le modèle de syndic sur lequel nous reposions, qui consistait notamment à recruter nous-mêmes nos propres gestionnaires, demandait, pour pérenniser l’activité, des fonds très importants, soit près de 30 millions d’euros.

Le risque était ainsi trop grand de ne pas pouvoir lever les fonds que nous espérions pour pouvoir pivoter. Et ce, alors que la société Bellman était installée sur un rythme de forte croissance, avec un CA multiplié par deux.

Au final, la question s’est ainsi posée : comment sécuriser au moins 60 personnes sur les 120 que comptait l’entreprise ? Nous avons alors opté pour ce nouveau modèle Bellman qui s’articule désormais autour de deux piliers : une première activité d’éditeur de logiciels et une seconde de réseau de franchisés de syndic.

Pour financer ce pivot, nos partenaires ont réinvesti dans Bellman trois millions d’euros. Ce qui nous permettra d’être rentable à horizon fin 2023.

En conséquence, Bellman n’existe plus en tant que syndic de copropriété ?

Tout du moins, en direct. Aujourd’hui, en tant qu’éditeur, nous fournissons des logiciels à des cabinets. Et, en qualité de réseau de franchise, nous permettons à des professionnels désireux de se lancer à leur propre compte de créer leur franchise Bellman. Se lancer à son propre compte en tant que syndic reste très compliqué si l’on n’est pas épaulé par une tête de réseau.

Pourquoi développer une activité d’éditeurs de logiciel pour les syndics ?

Nous sommes partis du constat suivant : la plupart des gestionnaires de copropriétés, des comptables et des assistants se plaignaient de la qualité des outils qu’ils utilisaient, car jugés trop rudimentaires ou n’automatisant pas assez les tâches. Et idem du côté des propriétaires, avec des portails qui n’apportaient que peu de services et d’informations.

Nous avons ainsi tout remis à plat, en prenant cette direction : trouver des moyens de faire gagner du temps à tous ces professionnels. Résultat : le logiciel que nous avons développé, en mode SaaS, permet, grâce à une approche plus ludique et automatisée, de faire gagner trois heures par jour à un comptable.

Quel premier bilan dressez-vous sur le plan commercial pour cette activité d’éditeur ?

Le démarrage est bon : nous avons, depuis novembre, signé un dizaine de cabinets, ce qui représente environ 30 000 copropriétaires. Et ce, dans plusieurs régions : dans les Bouches-du-Rhône, en Normandie et en Ile-de-France.

Et tous sont ravis de la qualité de notre outil. J’ajoute que le plus gros frein que nous avons levé a consisté à développer des automatisations qui permettent de migrer les logiciels les plus utilisés du marché sur le nôtre, et ce en seulement quelques heures.

Et quid de votre activité de franchise ? Pourquoi l’avoir lancée ?

Le plus difficile lorsque l’on se lance à son propre compte en tant que syndic, c’est de trouver des partenaires bancaires, puis de recruter des comptables et des assistants. Il faut aussi racheter un portefeuille. Résultat : sur le secteur, la tendance est davantage à la consolidation qu’aux lancements d’activités.

Or, nous croyons fort à ce modèle d’indépendance. Et via ce développement en franchise, nous permettons à des professionnels de se lancer facilement. Nous avons, chez Bellman, conservé nos services supports (hors gestionnaires) et nous les proposons en aide à ces futurs franchisés. A ce jour, ils sont une vingtaine à nous avoir rejoints, dont certains sont des anciens employés de Bellman.

Pour l’instant, il n’y a pas de droit d’entrée à la franchise Bellman. Les franchisés nous paient simplement une redevance en fonction de la taille de leur portefeuille, soit 3,90 euros par lot et par mois. J’ajoute que ces franchisés, qui devraient être une trentaine d’ici la fin de l’année, non pas obligation d’avoir pignon sur rue.