Tribune - Robot contre agent immo, qui aura le dernier mot ?
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C’est fait : le robot a battu l’homme au jeu de Go, maintenant il le bat aussi dans la recherche de maison. Qu’impliquerait un soulèvement des machines pour le marché immobilier américain ? La machine a su, mieux que l’homme, suggérer à un acheteur des maisons correspondant à des critères subjectifs. C’est du moins le résultat d’une expérience qui a eu lieu en avril 2016 à Denver
Pendant 3 jours, un robot a fait face à un agent immobilier, différent chaque jour. Leur mission consistait à proposer 3 maisons devant plaire à l’acheteur qui avait simplement fourni une annonce de maison qu’il aimait, sans autre indication. L’acheteur devait choisir la maison initiale selon des critères non mesurables et personnels tels que la distribution des pièces, le style architectural, l’environnement, etc. plutôt que quantitatifs ou objectifs (nombre de pièces, surface, prix). Autrement dit, faire un choix selon des informations qu’un être humain peut interpréter, mais qu’une annonce ne contient pas.
Résultats : chaque jour, l’acheteur a classé les 6 maisons proposées par ordre de préférence, mettant en 1ère et 2ème position des maisons du robot. Et chaque jour, l’acheteur s’est trompé en essayant de distinguer la sélection du robot de celle de l’agent immobilier, ne trouvant pas de logique particulière dans les maisons retenues.
Que faut-il en penser, à part que le nom de Realtor est déjà pris ?
Un acheteur pourrait interagir avec une machine sans nécessairement s’en rendre compte et cette machine serait capable de lui suggérer des biens qui correspondent à des critères émotionnels plutôt que factuels. La portée de l’expérience aux Etats-Unis n’est pas anecdotique. D’une part, 123 millions de de personnes visitent chaque mois les 15 plus grands sites immobiliers, sauf que jusqu’à présent, leurs moteurs de recherchent étaient contraints d’utiliser les informations assez binaires qui leur sont fournies. La guerre d’audience et de contenu va certainement se déplacer sur le terrain de l’intelligence artificielle. Au jour du jugement dernier, les agents immobiliers voudront être du côté de ceux qui conçoivent ces outils ; c’est d’ailleurs le cas de TheFindMoreGeniusTM, robot de l’expérience. D’autre part, une transaction immobilière se fait avec un “agent de l’acheteur” et un “agent du vendeur”. Quel avenir pour les premiers si la machine fait aussi bien qu’eux pour trouver des maisons, et qu’ils ne sont plus perçus que comme un trousseau de clés ? Soit dit-en passant, cette fonction s’est aussi digitalisée aux USA grâce à des applis mobiles ouvrant des cadenas électroniques.
Ainsi, qu’elle inquiète ou qu’elle enthousiasme, l’automatisation des métiers est en marche, et l’agent immobilier serait sur son passage. Bien sûr, l’immobilier est souvent l’achat d’une vie, aussi irrationnel que méticuleux, et rien ne devrait pouvoir remplacer la dimension psychologique de l’accompagnement reçu. Rien ? Faut-il encore s’assurer de développer dans son agence des qualités non automatisables ; favoriser le savoir-être sur le savoir-faire. Hasta la vista “l’agent” immobilier, bienvenue au “coach” immobilier.
A propos de l’auteur :
Isabelle Vrilliard a dirigé le site AVendreALouer.fr de 2011 à 2013, suite à un parcours exclusivement web à la tête des services marketing de Cadremploi.fr et ParuVendu.fr. Aujourd’hui expatriée en Floride, elle épluche les oranges et l’actualité de l’immobilier en ligne américain