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« 2018 ne sera pas au niveau de 2017… et de loin », M. Mouillart, LPI

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Après une année 2017 euphorique, l’Observatoire des prix de l’immobilier (LPI) prédit une lente dégradation de l’activité du marché en 2018 et un léger ralentissement de la hausse des prix. Michel Mouillart, Professeur d’Economie à l’Université Paris Ouest et porte-parole du baromètre LPI-SeLoger, nous livre son analyse et ses pronostics

« 2018 ne sera pas au niveau de 2017… et de loin », M. Mouillart, LPI - © D.R.
« 2018 ne sera pas au niveau de 2017… et de loin », M. Mouillart, LPI - © D.R.

 

Quel bilan tirez-vous de 2017 ?

Nos chiffres sur le nombre de compromis de vente (qui interviennent environ 3 mois avant la signature des actes notariés), nous permettent d’affirmer que 2017 a été une très bonne année. Jusqu’en avril, l’activité immobilière était en progression de 12 % sur l’année glissante, ce qui est considérable. Mais le rythme a commencé à ralentir cet été pour s’établir à 7.4 % en août. L’automne n’a pas été catastrophique mais la progression du nombre de compromis signés n’était plus que de 3.7 % en novembre dernier. Rappelons toutefois que le quatrième trimestre 2016 avait été époustouflant…nous partions donc de très haut. Dans tous les cas, 2017 restera la meilleure année que l’on ait connu jusqu’à présent

Où en est-on sur les prix ?

Fin novembre, le prix moyen au mètre carré s’élevait à 3450 euros en France en moyenne. Dans un contexte de forte reprise d’activité, nous avons observé une poussée des prix. Jusqu’en août, la progression a été de 4.5 % voire de 4.6 %. Puis, l’essoufflement de l’activité s’est accompagné d’un léger ralentissement de cette hausse à partir de septembre et nous avons terminé 2017 sur une progression des prix de l’ordre de +4.3 %. On constate que, en 2017, le marché a connu eu une formidable reprise de son activité sans dérapage excessif des prix.

Que voyez-vous dans votre boule de cristal pour 2018 ?

2018 ne sera pas au niveau de 2017… et de loin. Dès le début de l’année, l’évolution du nombre de compromis signés va sans doute être affecté d’un signe négatif, de l’ordre de -1 ou -1.5 %, alors que nous étions à +12 % en début d’année dernière. Cette dégradation va toutefois être inégale selon les territoires : les villes qui bénéficient déjà d’une forte pression de la demande et d’une amélioration de leurs réseaux de transport resteront sur des évolutions plus favorables que la moyenne, comme Bordeaux ou Brest. n 2018, nous aurons la confirmation des mouvements de prix que l’on observe depuis septembre dernier mais les pressions qui demeureront fortes sur les territoires convoités, Paris, Bordeaux et Lyon en tête. Tour cela, dans un contexte où les taux des crédits immobiliers resteront très bas : je pense que nous ne terminerons pas l’année 2018 au-delà de 1.70 % en moyenne.        

Sommes-nous à la veille d’une nouvelle crise ?

Clairement non. Il n’y a pas d’effondrement du marché à l’horizon…  Mais 2018 signera fin d’une très forte activité sur le marché immobilier. Depuis plusieurs mois, tous les signaux sont passés à l’orange. Nous devons nous attendre à une dégradation lente et progressive.

Quel conseil donneriez-vous aux agents immobiliers pour 2018 ?

Ne pas prendre de décisions qui se fondent sur l’observation d’une croissance passée qui n’aura plus de raison d’être. Les professionnels ne doivent pas penser que l’activité qu’ils auront à gérer dans les prochains mois, voire dans les prochaines années, sera comparable à ce qu’ils ont vécu en 2017. Ce n’est donc peut-être pas le moment, par exemple, de se lancer dans des projets de recrutement trop ambitieux. A fortiori pour les enseignes qui s’appuient sur un modèle économique du passé. 

Gaëlle Fillion