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« Le logement repartira par la démographie, mais le bureau c’est terminé » (Denis Burckel, Dauphine)

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« Nous sommes face à une tendance structurelle et durable : notre population active va reculer. Trump ou pas Trump, élections municipales ou non, le logement repartira parce que la démographie nous y amènera, mais le bureau, c’est terminé. »

École nationale des ponts et chaussées - © D.R.
École nationale des ponts et chaussées - © D.R.

Voici ce qu’a déclaré Denis Burckel, directeur du master immobilier de Paris-Dauphine et conseiller maître à la Cour des comptes, lors d’une table ronde intitulée « Immobilier durable, un secteur en crise, quelles raisons d’espérer ? », à la Conférence internationale sur la stratégie carbone, organisée par l’École nationale des ponts et chaussées, le 7 avril2025.

Morceaux choisis relayés par notre partenaire, News Tank Cities



« Je suis partisan de détruire les bureaux inutilisés »

« Deux sujets en particuliers ressortent : le coût du foncier et la transformation de bureaux en logements, a poursuivi Denis Burckel.

Denis Burckel - © D.R.
Denis Burckel - © D.R.

Pour le premier, il s’agit d’un blocage français qui cause des incapacités politiques et sociétales. Je n’ai pas de solution définitive, mais il faut à tout prix libérer le foncier, faire une révolution sur ce sujet. »

Et d’ajouter : « Sur la transformation de bureaux en logements, je suis partisan de détruire les bureaux inutilisés. Je ne doute pas que cela génère des dégâts financiers. Si l’on veut accélérer la transformation, il faut pousser à la démolition rapide d’un certain nombre de bureaux qui sont définitivement perdus. Il vaut mieux arracher le sparadrap d’un coup plutôt que de laisser pourrir la plaie », déclare Denis Burckel.

Opérer une transition en douceur

Intervenant également dans le cadre de cette table-ronde, Béatrice Lievre-Thery, directrice des activités immobilières de la Société Générale, a, pour sa part affirmé que « nous ne parviendrons pas à tout transformer d’un coup. D’une part, parce que la transformation est un processus compliqué et d’autre part parce qu’on ne pourra pas tout faire. Cela impose aux élus de prévoir un certain nombre d’aménagements publics pour accueillir la population. Y aller crescendo n’est pas une mauvaise idée, cela permet d’opérer une transition en douceur. »

Et cette dernière de compléter : « En revanche, je suis en faveur de la destruction de certains bureaux. Il existe un dogme anti-démolition, parce que ce n’est pas RSE. Sauf qu’aujourd’hui, on ne sait pas encore tout à fait transformer. Il vaut mieux, dans certains cas, détruire en organisant des filières de recyclages pertinents plutôt que de forcer des transformations qui ne fonctionneraient pas »,

« Repenser l’articulation entre bureaux et logements »

Troisième speaker de cette table-ronde, Ella Étienne-Denoy, directrice développement et innovation Europe chez CBRE, a poursuivi :

« Nous assistons à une redéfinition des fondamentaux de la dynamique de marché. Les deux grandes classes d’actifs de l’immobilier — d’un côté le logement, de l’autre le bureau — sont en train d’évoluer profondément.

Ella Étienne-Denoy - © D.R.
Ella Étienne-Denoy - © D.R.

La production de logements neufs s’effondre, le parc locatif privé connaît une contraction massive et 65 % des Français sont éligibles au logement social. Cela pose donc une vraie question quant à l’adéquation de l’offre actuelle de logement aux besoins ».

Et d’ajouter : « L’inadéquation d’un grand nombre de bureaux est également une réalité dans certaines zones, du fait d’une obsolescence multifactorielle. Plusieurs grandes tendances structurelles viennent expliquer cette obsolescence, parmi lesquelles : la recherche d’économies par les utilisateurs, la volonté d’augmenter l’intensité d’usage, la quête de flexibilité, le télétravail, l’intelligence artificielle, qui va avoir un impact croissant dans l’immobilier, notamment sur les métiers du back-office.

Face à cela, il faut repenser l’articulation entre logements et bureaux, mais aussi envisager d’autres classes d’actifs plus résilientes ».